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🖋 Autoportrait de travailleur social ‱ Charline Olivier, intervenante sociale en gendarmerie

« Il n’est pas question de s’oublier dans l’autre ou de le couvrir de son ombre mais bien de chercher Ă  atteindre un Ă©quilibre, toujours fragile, pour exister ensemble.  »


Quel mot associez-vous spontanĂ©ment au travail social ?

La rencontre. Je cite Gaston Miron : « c’est au plus profond de soi que l’on rencontre l’autre ». Pour moi la rencontre, c’est le terreau de la vie, il nous faut l’entretenir, le nourrir, l’hydrater, le protĂ©ger pour soutenir la symbiose entre soi et l’autre. Il n’est pas question de s’oublier dans l’autre ou de le couvrir de son ombre mais bien de chercher Ă  atteindre un Ă©quilibre, toujours fragile, pour exister ensemble.


Pour quelles raisons avez-vous choisi votre mĂ©tier ?

J’ai choisi trĂšs jeune ce mĂ©tier pour pouvoir justement aller Ă  la rencontre des autres, plutĂŽt de ceux qui ne me ressemblaient pas et qui allaient me permettre de dĂ©couvrir d’autres modes de vie, de pensĂ©e et d’apprĂ©hension du monde. Je l’ai alors aussi choisi parce que j’en avais une vision idĂ©alisĂ©e et naĂŻve et je continue de l’exercer aujourd’hui parce que j’en ai une perception plus rĂ©aliste et humble.


Quelle formation avez-vous suivie ?

J’ai suivi une formation Ă  ASKORIA Rennes pour obtenir mon DiplĂŽme d’État d’assistant de service social (DEASS) en 2000, Ă  l’ñge de 19 ans. L’annĂ©e entre mon Bac ES et l’entrĂ©e Ă  ASKORIA, j’ai suivi une annĂ©e en filiĂšre Administration Ă©conomique et sociale Ă  l’universitĂ© de Rennes 2. J’avais choisi une option en sociologie pour ouvrir plus largement mon champ d’apprentissage.


Quel est votre meilleur souvenir professionnel ?

Pas facile de rĂ©pondre Ă  cette question car j’ai changĂ© plusieurs fois de lieu d’exercice et dans chacun, j’aurais un meilleur souvenir, pas nĂ©cessairement le plus heureux mais le plus intense en termes de rencontre.
Aujourd’hui, je vous dirai qu’un de mes plus forts souvenirs professionnels est l’accompagnement Ă  la sortie de dĂ©tention d’un homme qui s’était un temps perdu dans des idĂ©es extrĂȘmes. Le voir lentement se rĂ©approprier sa pensĂ©e, l’entendre exprimer son attachement Ă  la vie, aux autres, Ă  ceux qu’il aimait mais aussi plus globalement Ă  l’humain en gĂ©nĂ©ral
 C’était puissant Ă©motionnellement car cela le bouleversait de ressentir Ă  nouveau les mĂȘmes sentiments. J’ai Ă©tĂ© trĂšs touchĂ©e de sa confiance alors qu’il me permettait de participer Ă  ce cheminement avec lui.


Le pire ?

L’accompagnement des vivants aux dĂ©cĂšs de ceux qu’ils aiment, dans tout ce que la mort Ă  d’injuste Ă  offrir : des gens qui partent trop jeunes, trop fragiles, trop seuls
 J’ai du mal Ă  ne pas me projeter dans la souffrance de l’autre dans ces moments-lĂ .


Quel est votre livre de chevet ?

J’aime lire des livres qui traitent de questions sociales au travers du prisme d’un documentaire ou d’un roman. Je vous conseille HĂŽtel Europa (Éd. Payot et Rivages, 2004), un polar Ă©crit par un travailleur social qui s’appelle Gianni Pirozzi. Il a placĂ© son intrigue sur le quartier oĂč j’ai travaillĂ© dix ans et il sublime par sa plume les consĂ©quences de la Guerre des Balkans, qui a beaucoup impactĂ© ma vie professionnelle Ă  mes dĂ©buts, lorsque nous accueillions des rĂ©fugiĂ©s politiques sur notre territoire.



Retrouvez les précédents autoportraits

🖋 Murielle A., Ă©ducatrice spĂ©cialisĂ©e en centre d’hĂ©bergement et de rĂ©insertion sociale (CHRS)

🖋 Thierry Trontin, co-gĂ©rant de la SCOP Voyageurs-Éducateurs et d’un lieu de vie et d’accueil

🖋 Laurence, rĂ©fĂ©rente de parcours du Programme de rĂ©ussite Ă©ducative

🖋 Romain Dutter, ex-coordinateur culturel au centre pĂ©nitentiaire de Fresnes

🖋 Yazid Kherfi, mĂ©diateur tout terrain

🖋 Claude, assistante de service social en polyvalence de secteur

🖋 Patrick Norynberg, formateur consultant en politique publique, cofondateur et prĂ©sident de la RĂ©gie de quartier du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis)

🖋 Émilie Philippe, Ă©ducatrice de jeunes enfants, membre du collectif Pas de bĂ©bĂ©s Ă  la consigne depuis sa crĂ©ation en 2009.

🖋 Florent GuĂ©guen, directeur de la FĂ©dĂ©ration des acteurs de la solidaritĂ© (FAS)

🖋 LĂ©a Turchi, assistante de service social, coordinatrice Ă  la mission interface au Samusocial de Paris

🖋 Sadek Deghima, chef de service d’un club de prĂ©vention spĂ©cialisĂ©e

🖋 Lucile Bourgain, monitrice-Ă©ducatrice

🖋 Tristan Montaclair-Le Foulgoc, Ă©ducateur de jeunes enfants qui travaille avec des adolescents

🖋 Cristel Choffel, conseillĂšre technique de service social

🖋 Driss Blal, Ă©ducateur spĂ©cialisĂ©, chef de projet au cƓur d’un dispositif mis en place par un collectif d’habitants originaires du quartier populaire oĂč il a grandi Tarbes (Hautes-PyrĂ©nĂ©es)

🖋 Laure, assistante de service social en service spĂ©cialisĂ© « Familles »

🖋 Vince, l’éduc spĂ©cial, agitateur spĂ©cialisĂ©, dessinateur, chroniqueur, auteur, et accessoirement chef de service Ă©ducatif...

🖋 Julie (1), 33 ans, cheffe de service dans une structure accompagnant des mineurs isolĂ©s Ă©trangers

🖋 Carlos Lopez, Ă©ducateur Ă  la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) depuis 1999


Vous ĂȘtes tentĂ©s par l’exercice d’autoportrait de travailleur social ? Vous souhaitez partager votre expĂ©rience ? N’hĂ©sitez Ă  nous contacter Ă  l’adresse suivante : katia.rouff@lien-social.com