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Autoportrait de travailleur social. Émilie Philippe, éducatrice de jeunes enfants, membre du collectif Pas de bébés à la consigne depuis sa création en 2009.

« J’ai choisi ce métier car ce qui m’intéressait n’était pas seulement de m’occuper de jeunes enfants ou de leur transmettre des choses, mais de les comprendre  »

Difficile de n’en choisir qu’un seul. Empathie et patience sont venus spontanément.

J’ai su très jeune que je souhaitais travailler auprès d’enfants mais je n’ai découvert la raison réelle que pendant ma formation. C’est le questionnement, l’acquisition de nouvelles connaissances, la remise en question d’idées reçues et les échanges avec d’autres professionnels, qui m’ont permis de comprendre qu’on choisit rarement le travail social par hasard... C’est lié à un vécu, comme s’il y avait quelque chose à réparer, le plus souvent à l’intérieur de soi…

À la fin du lycée, après l’obtention du BAC, j’ai pensé dans un premier temps m’orienter vers le métier d’enseignant. Mais en prenant le temps de me renseigner, je me suis rendue compte que ce cursus ne formait pas à la compréhension du développement des enfants. Ce qui m’intéressait n’était pas seulement de m’occuper d’eux ou de leur transmettre des choses mais de les comprendre, de savoir de quoi ils avaient besoin selon leur âge, quelles activités leur proposer et pourquoi. Et il se trouve, alors que je n’y avais jamais prêté attention, qu’une de mes tantes était éducatrice de jeunes enfants (EJE). Je savais qu’elle travaillait en crèche mais je ne connaissais absolument pas son métier. Et j’ai alors découvert LA formation que je souhaitais faire. Éducateur de jeunes enfants était pour moi, et l’est encore aujourd’hui, la formation la plus complète qui existe pour accueillir et s’occuper de jeunes enfants (de la naissance à sept ans), car elle comporte des cours allant de la psychologie de l’enfant, au développement psychomoteur, à la pédagogie active, la littérature enfantine ou encore la santé…
J’ai donc passé plusieurs concours et j’ai été acceptée dans l’école du CERPE à Aubervilliers. Ce fut une expérience extraordinaire avec des formateurs qui incarnaient les valeurs qu’ils portaient. J’ai autant appris en connaissances théoriques qu’humainement.

Que c’est difficile de choisir ! Les souvenirs fusent dans ma tête entre les moments d’échange avec les parents, ceux passés avec les enfants, ou encore avec une de mes collègues EJE avec qui j’ai adoré travailler.
Un qui m’est venu en tête rapidement, c’est le jour où j’ai réussi à convaincre les deux collègues avec qui je travaillais, de mettre un toboggan dans la section. Nous étions trois à travailler dans la section des petits-moyens (les enfants avaient de quatre mois à deux ans) et je souhaitais à tout prix proposer aux enfants un espace de motricité. L’acquisition d’un toboggan faisait peur à mes collègues quant aux éventuelles chutes et conflits que cela pourrait générer entre les enfants. Et finalement, en s’accordant sur les règles à mettre en place, ce toboggan fut un succès !
Je trouve que cette situation reflète à la fois l’importance de réfléchir à la mise en place d’un environnement riche et adapté aux besoins et aux capacités des enfants, mais aussi de toute la complexité du travail d’équipe, de se remettre en question, d’accepter des idées nouvelles, de trouver un accord qui convienne à tous et de dépasser nos propres appréhensions pour se focaliser sur les besoins des enfants.

Je crois que le plus dur a été la confrontation entre la réalité du terrain et ce que j’ai appris en formation, quand j’ai commencé à travailler.
J’avais bien perçu pendant mes stages que le monde de la petite enfance n’était pas tout rose mais je me suis rendue compte après coup que j’avais été pas mal épargnée par mes tutrices.
Je suis donc arrivée sur le terrain pleine d’idées et de motivation mais j’ai rapidement compris que, même après un temps d’observation et d’adaptation, remettre en question des habitudes et des fonctionnements, institutionnalisés pour certains depuis plusieurs années, était particulièrement compliqué. Il y a des personnes absolument formidables qui travaillent auprès des enfants, mais il y en a aussi qui pensent plus à leur confort qu’aux réels besoins des enfants, c’est une réalité…
Ces débuts ont été formateurs car ils m’ont permis de me remettre en question aussi et d’améliorer mon approche et ma façon de communiquer.

C’est pour ton bien : Racines de la violence dans l’éducation de l’enfant, d’Alice Miller (Éd. Aubier, 1998).

🖋 Murielle A., éducatrice spécialisée en centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS)

🖋 Thierry Trontin, co-gérant de la SCOP Voyageurs-Éducateurs et d’un lieu de vie et d’accueil

🖋 Laurence, référente de parcours du Programme de réussite éducative

🖋 Romain Dutter, ex-coordinateur culturel au centre pénitentiaire de Fresnes

🖋 Yazid Kherfi, médiateur tout terrain

🖋 Claude, assistante de service social en polyvalence de secteur

🖋 Autoportrait de travailleur social • Patrick Norynberg, formateur consultant en politique publique, cofondateur et président de la Régie de quartier du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis)