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Autoportrait de Laurence, référente de Parcours du Programme de Réussite Éducative

« Mon enthousiasme n’a pas faibli depuis 23 ans. L’expérience grandissant, j’ai affiné mes modes de fonctionnement et ma façon d’être en relation  »

Quels mots associez-vous spontanément au travail social ?
Adaptation et créativité.

Pour quelles raisons avez-vous choisi votre métier ?
C’est lui qui m’a vraiment choisie au fil des rencontres et des opportunités. Après une reconversion professionnelle vers ce que je savais le moins mal faire - l’animation -, les aléas de la vie et des différents postes que j’ai occupés m’ont amenée à découvrir toute la polyvalence que recouvre le métier de travailleur social. J’ai rencontré différents publics, différents lieux et quartiers, différentes cultures et différents besoins. À chaque fois, j’ai appris à écouter, à comprendre, avec la nécessité de m’adapter au plus près des personnes et à inventer des nouvelles formes de réponses et d’accompagnement.
Mon enthousiasme n’a pas faibli depuis 23 ans. L’expérience grandissant, j’ai affiné mes modes de fonctionnement et ma façon d’être en relation. J’apprends sans cesse à travers ce travail qui n’est plus le même qu’il y a dix ans ou même cinq, et aussi à travers les formations que je peux suivre chaque année. L’enfant et les chances que la société lui donne ou non pour grandir, est au cœur de mes préoccupations. La norme autour de laquelle notre société se construit et se rassure laisse trop souvent de côté tous ceux qui ne peuvent y entrer. Quel gâchis ! Je suis convaincue qu’ « il faut tout un village pour élever un enfant » (proverbe africain), ce que notre société a trop souvent oublié… Et que tous les enfants méritent qu’on s’occupe d’eux, quels qu’ils soient.

Quelles formations avez-vous suivies ?
J’ai fait mes premiers pas dans l’animation avec un Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (BAFA) et du bénévolat. Puis, dix ans plus tard, en reconversion professionnelle, j’ai préparé le Diplôme d’État relatif aux fonctions d’animation (DEFA) afin d’élargir mon champ de compétences. J’ai mis plus de dix ans à valider la dernière unité de formation car en cours d’emploi et mère de deux enfants, je ne trouvais pas le temps de rédiger mon mémoire.
Tout récemment, j’ai validé le Diplôme d’État d’éducateur spécialisé (DEES) en Validation des acquis de l’expérience (VAE). Belle aventure de deux ans qui m’a permis de revisiter ma pratique professionnelle et de la regarder avec d’autres lunettes et plus de distance.

Quel est votre meilleur souvenir professionnel ?
La gratitude d’une maman et de sa fille, accompagnées dans le cadre du Programme de Réussite Éducative et que j’ai retrouvées au détour d’une journée Portes ouvertes quelques années plus tard. C’est la maman qui m’a reconnue et j’ai eu honte de ne plus me souvenir de son nom, ni du prénom de sa fille. Elle m’a serré la main très fort et j’ai senti beaucoup d’émotion dans sa voix : « vous avez compté pour nous et ce que vous avez donné à ma fille, je ne l’oublierai jamais  ». Pourtant ce que j’avais donné, c’était juste de l’écoute, de l’attention, de la bienveillance, de la médiation avec l’école, les institutions… Cela n’avait pas réglé les problèmes mais cela les avait un peu aidées à les affronter ou à les voir autrement.
J’ai vraiment compris ce jour là que ce qui importait le plus dans ce travail d’accompagnement, ce n’était pas les grandes actions mais surtout de croire en chacun avec sa capacité de résilience et de changement à l’œuvre.

Le pire ?
C’est exactement le pendant du meilleur et ce n’est malheureusement pas qu’un souvenir car il se répète régulièrement : c’est l’impuissance. L’impuissance d’assister au naufrage d’un enfant, d’une famille et de ne pas trouver quelle bouée leur lancer pour qu’ils puissent se raccrocher. D’avoir le sentiment que cela pourrait se passer autrement si… Mais la réalité et le temps d’une famille ne sont pas la réalité et le temps des institutions. Et cela peut malheureusement mener au drame.

Quel est votre livre de chevet ?
Je n’ai pas de titre ni d’auteur préféré car beaucoup de livres ont été pour moi source de découverte, d’inspiration, de compréhension, voire d’inspiration. Actuellement j’en ai plusieurs en cours et je navigue de l’un à l’autre selon l’humeur :

Des âmes et des saisons. Psycho-écologie, Boris Cyrulnik, Éd. Odile Jacob, 2021.
Sapiens. Une brève histoire de l’humanité, Yuval Noah Harari, Éd. Albin Michel, 2012.
Le miracle Spinoza, Frédéric Lenoir, Éd. Fayard, 2017.