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« Malgré tes compétences, ton diplôme et ton expérience, "certains" te verront encore comme un "grand-frère" dans une cage d’escalier à fumer un "joint" avec les jeunes... »

Sans hésiter je dirais la passion...

Je l’ai choisi car il est en lien avec mon parcours de vie (ancien enfant de la DDASS durant une dizaine d’années), mais aussi par la conviction qu’il est l’un des rares métiers dans lequel il existe encore cette notion en laquelle je crois énormément : la transmission et le partage du savoir...

J’ai décroché mon Diplôme d’État d’éducateur spécialisé (DEES) après une formation au Centre régional de formation aux métiers du social ERASME à Toulouse. J’y suis rentré sans le bac. Une fierté pour moi quand je sais d’où je viens et la preuve qu’avec du cœur et du sens on peut « enfoncer » n’importe quelle porte...

Je le vis actuellement.
En effet, accompagné d’une poignée d’amis d’enfance, Hicham et Zakaria Iakini, issus du quartier populaire dans lequel j’ai grandi, je viens de créer un dispositif (association loi 1901) ayant pour but de répondre à différentes problématiques rencontrées par les habitants de ce territoire à partir d’éléments de constats observés depuis plus d’une vingtaine d’années.
Notre volonté est de développer des actions concrètes à partir des besoins et compétences de la population. D’ailleurs, nous travaillons activement à la création d’un outil d’évaluation à destination de nos concitoyens, ayant pour finalité d’évaluer sans « langue de bois » les actions proposées par les acteurs locaux sur le territoire. Car malheureusement, depuis de nombreuses années et cela peut s’appliquer à l’ensemble du territoire national, beaucoup trop d’acteurs issus de dispositifs de droit commun et d’associations interviennent au cœur de ces quartiers à travers des actions dépourvues de sens et n’ayant qu’un seul objectif : les subventions. Cela doit cesser, par considération et respect de nos concitoyens. L’époque du cake, Coca et Banga servis dans les gymnases est révolue... Je rassure la « famille » : nous serons nous aussi soumis à cet outil d’évaluation (rires).

Ce n’est pas le pire de mes souvenirs mais celui qui me questionne le plus en matière « d’égalité des chances » et de discrimination à l’embauche... Il y a quelques mois, j’ai répondu à une candidature émanant d’un dispositif de droit commun afin d’occuper un poste d’éducateur de rue. Si l’entretien s’est déroulé dans un contexte bienveillant, j’apprendrai hélas dès le lendemain « l’envers du décor »... Effectivement, et au risque de mettre les « pieds dans le plat », je dois dire que j’ai reçu l’appel téléphonique d’un ami me conseillant de ne pas candidater à ce poste en raison de consignes confiées par une figure iconique du territoire et directrice d’une structure affiliée à la municipalité. Selon les propos de celle-ci, nous pouvions - je n’étais pas le seul originaire du territoire à postuler -, « oublier » cette candidature. « Ils ne veulent personne originaire du quartier, même diplômés. Ils en ont marre des grands frères ». Une semaine plus tard, j’apprendrai que malgré mes « compétences exceptionnelles et bla bla bla », ma candidature n’était pas retenue.
Cette situation aussi cocasse soit-elle, met en lumière une fois de plus que malgré tes compétences, ton diplôme et ton expérience, « certains » te verront encore comme un « grand-frère » dans une cage d’escalier à fumer un « joint » avec les jeunes...
Nous sommes en 2021...
Parfois il vaut mieux en rire...

Je n’ai pas à proprement parler de livre de chevet mais j’aime avoir auprès de moi des lectures en lien avec des thématiques telles que l’interculturalité, l’immigration, l’histoire des quartiers populaires, le panafricanisme, etc.
Sinon au moment où j’écris ces lignes, j’ai près de moi un livre qui s’intitule La fracture coloniale. La société française au prisme de l’héritage colonial, de Nicolas Bancel, Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire (Éd. La Découverte, 2005 ). Celui-ci m’aide énormément à mieux appréhender certaines « résistances » et « mécanismes » de mes futurs « partenaires » (rires).

🖋 Murielle A., éducatrice spécialisée en centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS)

🖋 Thierry Trontin, co-gérant de la SCOP Voyageurs-Éducateurs et d’un lieu de vie et d’accueil

🖋 Laurence, référente de parcours du Programme de réussite éducative

🖋 Romain Dutter, ex-coordinateur culturel au centre pénitentiaire de Fresnes

🖋 Yazid Kherfi, médiateur tout terrain

🖋 Claude, assistante de service social en polyvalence de secteur

🖋 Patrick Norynberg, formateur consultant en politique publique, cofondateur et président de la Régie de quartier du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis)

🖋 Émilie Philippe, éducatrice de jeunes enfants, membre du collectif Pas de bébés à la consigne depuis sa création en 2009.

🖋 Florent Guéguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS)

🖋 Léa Turchi, assistante de service social, coordinatrice à la mission interface au Samusocial de Paris

🖋 Sadek Deghima, chef de service d’un club de prévention spécialisée

🖋 Lucile Bourgain, monitrice-éducatrice

🖋 Tristan Montaclair-Le Foulgoc, éducateur de jeunes enfants qui travaille avec des adolescents

🖋 Cristel Choffel, conseillère technique de service social