Dossiers

Le silence pèse sur les problématiques de genre et de sexualité dans la plupart des institutions du travail social. Ces questions interpellent souvent les professionnels, la plupart du temps livrés à eux-mêmes pour y répondre. Mais le tabou reste entier. Quelques structures travaillent sur ces problématiques comme sujets de réflexion et de formation.

À Marseille, le Planning familial forme de plus en plus de travailleurs sociaux. Même s’ils sont des professionnels de l’écoute, ils découvrent une autre manière de prêter l’oreille à l’intimité.

Président d’Handi mouv’, association de défense des droits des personnes handicapées, Loïs Crépy est aussi intervenant lors des séminaires de formation « Genre, sexualité et travail social » de l’Afertes à Arras.

Plus d’un tiers des familles monoparentales vivent en dessous du seuil de pauvreté, très majoritairement des femmes avec leurs enfants. Si les mesures de soutien mises en place par le gouvernement limitent la casse, elles ne permettent pas de sortir de cette précarité. Sur le terrain, les travailleurs sociaux tentent d’apporter des solutions et expérimentent pour pallier le manque de moyens.

Sociologue, Gérard Neyrand a réalisé une recherche-action auprès de familles monoparentales à Marseille en 2003. Ce travail, mené en collaboration avec la psychanalyste Patricia Rossi, a fait l’objet du livre Monoparentalité précaire et femme sujet (éditions érès, 2014).

Chercheuse au Centre d’études de l’emploi, maître de conférences à l’Université Rennes 2, spécialiste des politiques de l’emploi, du social et des inégalités entre les femmes et les hommes, l’économiste Anne Eydouxa consacré plusieurs recherches aux familles monoparentales
Pourquoi les politiques sociales françaises laissent-elles un tiers des familles monoparentales sous le seuil de pauvreté ? RSA majoré, garantie contre les impayés de pension alimentaire, aide à la garde d’enfant pour parent isolé, la (...)

La crèche Arc-en-ciel de Bagneux, comme dix autres en Ile-de-France, facilite l’insertion des parents demandeurs d’emploi en leur offrant des places réservées et un accompagnement renforcé. Avec des résultats si probants que le gouvernement souhaite démultiplier l’expérience.

L’accueil temporaire, qui permet de soulager les aidants de personnes âgées ou handicapées, connaît un développement récent, sous différentes formes. Mais il se heurte encore à un manque de visibilité et de coordination locale.

Les établissements dédiés à l’accueil temporaire se distinguent par des projets spécifiques et par une grande souplesse de fonctionnement. « Notre première mission étant le répit des familles, cela implique une organisation et une culture différentes, au service des aidants », explique Loïc Guilcher, ancien directeur de la Maison Arc-en-ciel. « Cela signifie par exemple être ouvert pendant les vacances, pouvoir modifier un planning pour répondre aux besoins des parents, organiser un accueil d’internat en (...)

En assurant un accueil touristique de l’aidant et une prise en charge professionnelle de l’aidé sur un même lieu, les Villages Vacances-répit-familles lèvent les freins au départ en vacances et évitent la séparation.

Créé à Marseille en 2009, le Chalet des fleurs est une des rares structures en France à être entièrement dédiée à l’accueil temporaire. L’équipe doit s’adapter aux allées et venues d’enfants autistes, tout en leur garantissant un cadre structurant qui les prépare à la vie en institution.

Jean Cartry, éducateur spécialisé, ancien directeur d’établissement. Il a animé pendant 35 ans avec sa femme Janine, elle-même éducatrice, une famille d’accueil spécialisée.

Victimes de la violence et de la guerre, les enfants qui vivent en Centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) ont besoin d’écoute et de soutien. Les équipes en ont-elles les moyens ?

Chaque mercredi, le Centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) Nord-77 à Brou-sur-Chantereine (Seine-et-Marne) propose un espace aux enfants et aux adolescents.
Objectif : s’amuser et « déposer » son vécu émotionnel.

Au Centre Primo Levi, Olivier Jégou co-anime, en duo avec un psychologue, des formations proposées aux intervenants sociaux qui travaillent auprès des demandeurs d’asile, notamment en Cada.

La prison est-elle un lieu de soins ? Le développement d’une offre de soins psychiatriques en prison marque une ambivalence : mieux soigner encourage la détention des personnes souffrant de troubles psychiatriques. Or, leur place est-elle derrière les barreaux ?

Un projet développé par Médecins du Monde veut éviter l’incarcération des personnes souffrant de troubles psychiatriques en grande précarité.

La sortie de prison, parfois sans préparation, provoque souvent une rupture dans la continuité des soins. La consultation extra-carcérale du centre hospitalier Sainte-Anne tente d’éviter cet écueil.

Camille Lancelevée, sociologue spécialiste des questions de santé mentale en prison, membre du laboratoire de recherche en sciences sociales de l’École des Hautes études en sciences sociales.

L’opposition à la loi El Khomri et la dynamique de Nuit Debout ont favorisé l’émergence d’un mouvement structuré, qui a construit son autonomie. Pendant plusieurs mois, la Commission action travail social (CATS) a produit, avec une belle énergie, des idées, de l’intelligence et de l’expérience

Sociologue et anthropologue de formation, Jonathan Louli a mené des recherches sur les enjeux urbains et le travail social. Il est aujourd’hui éducateur en prévention spécialisée en banlieue parisienne.

Dans de nombreux départements, la chaîne de la protection de l’enfance, de l’accueil d’urgence au placement fami­lial, en passant par la prévention spécialisée, est grippée. Placements non suivis d’effet ou mesures d’AEMO non exécutées, mineurs isolés étrangers remis à la rue, restructuration du secteur sans concertation : les professionnels tirent la sonnette d’alarme.

À Toulouse, face à des choix politiques hautement contestables, des travailleurs sociaux, des magistrats et des avocats organisent la résistance.

L’ODAS, dont les mesures font apparaitre chaque année les difficultés financières croissantes des départements, préconise des réformes structurelles.

Pour les personnes en situation de handicap mental, accéder aux soins reste une gageure. Former les professionnels de santé, établir des collaborations entre les secteurs médico-social et sanitaire, développer la télémédecine…
Peu à peu, des pistes sont explorées, des avancées pointent.

Depuis 2012 le dispositif Handiconsult, implanté dans le Centre hospitalier Annecy Genevois (Haute-Savoie), prend en charge des enfants et des adultes handicapés en échec de soins courants en milieu ordinaire.

Entretien avec Charles Gardou
Anthropologue, professeur à l’Université Lumière Lyon 2, responsable scientifique et président d’honneur du Mouvement pour une société inclusive

Pendant longtemps, les personnes porteuses d’un handicap ont été bannies de toute vie sexuelle. Puis est venu le temps où leur a été autorisée une vie affective, mais sous contrôle. Il fallait les protéger contre d’improbables épreuves potentiellement traumatisantes et surtout éviter toute procréation. Affectivité, certes. Mais point trop n’en fallait, quand même. Et aujourd’hui, les voilà considérées comme égales aux valides : les mêmes ressentis émotionnels, les mêmes bonheurs vécus, les mêmes souffrances endurées face au désamour.
À l’IME de Blain (Loire-Atlantique), l’éducation à la vie affective passe par l’apprentissage de la vie sociale et du respect de l’autre. Afin de vivre au mieux l’élan amoureux, on apprend d’abord à identifier les sentiments, l’intimité et le corps (les siens comme ceux d’autrui).
Une autre structure montre comment on peut pousser à l’extrême le vécu d’une sexualité qu’aucun prétexte de déficience ne saurait freiner. Cet établissement laisse vivre les adultes avec handicap, comme ils le feraient avec des valides.
Le psychanalyste Denis Vaginay revendique le registre du droit commun pour des pratiques d’éducation à la vie affective reposant sur un principe : l’égalité des êtres humains.

Alors que la question de l’accès à la sexualité pour les adultes atteints de handicap est de plus en plus prégnante, un établissement a fait un choix radical… L’action décrite ici pourrait causer de graves ennuis aux professionnels qui la mènent, s’ils pouvaient être identifiés. Aussi, les faits rapportés ont été validés par l’équipe et tout élément permettant son identification a été brouillé : les détails, lieux et noms des personnes apportant leur témoignage ont été anonymisés.

Docteur en psychologie clinique, Denis Vaginay exerce en institution, en cabinet et comme formateur. Il en appelle à un vécu ordinaire de la sexualité chez les personnes souffrant de handicap.