Dossiers

Née sous les Lumières, l’éducation populaire est politique, démocratique et émancipatrice. À côté de ses piliers, de jeunes pousses vivifient ce mouvement utopiste républicain, parfois kidnappé par quelques institutions.

Ni tout à fait théâtre, ni tout à fait exposé savant, la conférence gesticulée transmet un savoir d’expérience et pointe l’absurde dans nos réalités sociales.

En 2016 à Angers (Maine-et-Loire), des professionnels et des parents concernés par la Protection de l’enfance ont partagé une co-formation. Au programme : échanges et réflexion commune pour un changement radical de postures.

L’éducation populaire est souvent associée à Paulo Freire, pédagogue brésilien célèbre pour son travail de conscientisation des classes populaires.

Les Établissements et services d’aide par le travail sont aujourd’hui soumis à la pression du gouvernement pour accélérer l’inclusion en milieu ordinaire. Cette inclusion à marche forcée comporte des risques : une mauvaise prise en compte des besoins des personnes, une perte de leurs droits et de leurs acquis en termes de vie sociale et de statut.

À Marseille, l’Esat La Manade accompagne soixante et un ouvriers dans leur insertion professionnelle. Si une minorité exprime la volonté d’intégrer le milieu ordinaire, l’équipe pluridisciplinaire expérimente des outils pour répondre à ce désir tout en préservant un espace de travail protégé.

Marion Benoît oriente sa réflexion sur la manière d’instaurer une dynamique de parcours professionnel pour faire de l’Esat un tremplin pour l’intégration en milieu ordinaire.

Entre l’institution et le domicile, l’habitat partagé se fraie un chemin. Partager une maison tout en préservant son intimité séduit de plus en plus de personnes âgées ou en situation de handicap, ainsi que leurs proches.

Croisement de regards entre usagers et travailleurs sociaux, dans une maison gérée par l’association Club des Six dans le Var et une maison partagée Simon de Cyrène à Angers.

Jonathan Santagostini, moniteur-éducateur et responsable d’une maison Simon de Cyrène à Angers

Dominique Argoud voit dans l’engouement autour de l’habitat partagé un effet générationnel et une marche vers l’idée d’inclusion. Le secteur médico-social, englué dans les normes, reste un peu à l’écart.

Les structures d’hébergement ont longtemps refusé d’accueillir les personnes souffrant d’addiction à l’alcool. Les pratiques évoluent grâce à une réflexion commune entre acteurs de la solidarité, du soin et personnes concernées.

Suite à un travail de réflexion avec l’Association nationale de prévention
en alcoologie et addictologie (ANPAA) et les résidents, le centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) parisien Georges Dunand, géré par Emmaüs Solidarité, autorise la consommation d’alcool dans les chambres.

Connaître l’addiction à l’alcool pour les intervenants sociaux, la réalité de la grande exclusion pour les spécialistes de l’addictologie et croiser les pratiques permet d’accompagner au mieux les personnes concernées.

Les centres d’action médico-sociale précoce assurent la prise en charge globale et pluridisciplinaire d’enfants âgés d’un jour à six ans qui présentent des troubles du développement, pathologies ou handicaps. Mais leur vocation à agir le plus tôt possible se heurte au manque de places et aux disparités territoriales.

« Née grande prématurée, Olivia a bénéficié du suivi « Chrysalide » au Camsp qui diagnostique les troubles liés à cette situation. L’équipe pluridisciplinaire qui lui offre une prise en charge globale nous a beaucoup apporté et permis de bénéficier d’un regard professionnel tout en gardant le nôtre. Elle nous a rassurés et donné de nombreux conseils pour soutenir le développement d’Olivia, comme par exemple celui de l’asseoir dans une corbeille à linge posée à la verticale pour l’envelopper sans l’enfermer alors (...)

Dans une zone rurale, des professionnels ont créé du lien pour répondre aux besoins des jeunes enfants jusqu’à leurs six ans.

Que pensez-vous de la situation des Camsp ?
La contribution très étayée de l’AneCamsp à notre rapport annuel de 2015 consacré à la protection de l’enfant notamment handicapé (1), a permis de mettre en lumière la place centrale des Camsp dans la prévention très précoce, de faire connaître leurs missions et leurs difficultés. Je pense que leur co-financement par l’Assurance maladie et le Département constitue un levier positif en terme de décloisonnement institutionnel. Cependant, il est regrettable que ces (...)

L’accueil des mineurs isolés étrangers en France heurte les valeurs du travail social. Alors que des professionnels acceptent de pratiquer un contrôle social lors d’évaluations très contestables, l’accompagnement reste majoritairement dévolu aux citoyens bénévoles et aux organisations humanitaires. Précarisation et manque de réflexion éthique entretiennent une situation critique pour les jeunes.

Des bénévoles pallient au quotidien la politique gouvernementale de non accueil. Depuis 2015, des collectifs s’organisent et se professionnalisent pour répondre aux besoins primaires des exilés. Dans l’urgence humanitaire, ils oublient la démarche militante, même si le durcissement de l’État suscite des sursauts.

Face à la situation des mineurs non accompagnés, l’organisation non gouvernementale lance un programme d’hébergement citoyen.

L’installation en libéral d’éducateurs spécialisés et l’émergence de plateformes numériques proposant leurs services apportent des réponses à des familles sans solution. Ce nouveau statut séduit également certaines institutions. En l’absence de cadre et de charte éthique, il soulève pourtant de nombreuses questions.

Depuis quatre ans, Charlène Charles étudie les conséquences du recours de plus en plus massif à des entreprises privées lucratives dans l’aide sociale à l’enfance.

Tout comme leurs camarades d’université, des étudiants en travail social rencontrent des difficultés financières et subissent la précarité. Les centres de formation leur apportent-ils un soutien ? L’État ne doit-il pas se réinvestir pour leur permettre d’étudier sereinement ?

« Sophie, en formation d’éducateur de jeunes enfants (EJE), m’a confié ne pas pouvoir se nourrir »
par Anne-Cécile Cardon, formatrice à l’École de formation psychopédagoqique (Efpp) de Paris.
« En règle générale, nos élèves en formation d’EJE ont une vie assez stable. S’ils travaillent parfois durant leurs vacances ou effectuent ponctuellement du baby-sitting, la grande majorité se concentrent sur les études. Nous constatons cependant une augmentation des demandes de bourses et de prêts étudiants, le fait (...)

Les origines sociales des étudiants en travail social ont-elles changé ?
Oui, aujourd’hui presque la moitié des élèves assistants de service social (ASS) ou éducateurs spécialisés (ES) a des parents employés ou ouvriers, alors que jusqu’aux années 1980, les étudiants d’origines moyennes et supérieures étaient majoritaires. Pour autant, il faut souligner que les jeunes d’origine populaire restent encore ceux les plus massivement orientés par défaut vers une filière secondaire professionnelle, et seule une (...)

Pour les habitants des bidonvilles, le travail représente une porte de sortie de la précarité. Trois ans après l’extinction des mesures « transitoires », les personnes d’origine roumaine et bulgare peuvent enfin travailler en France au même titre que tout citoyen européen. Des leviers existent, même si des freins persistent.

Les pouvoirs publics ont résorbé les bidonvilles de la capitale alsacienne en stabilisant leurs habitants dans des espaces temporaires d’insertion et en les accompagnant vers l’emploi.

Olivier Peyroux est auteur, en collaboration avec une équipe pluridisciplinaire, d’une étude intitulée Du bidonville à la ville, vers la vie « normale » ? (1) Y sont mis en avant des parcours d’insertion de personnes migrantes ayant vécu en bidonville et qui en sont sorties notamment grâce à l’emploi.

Portée par les entrepreneurs sociaux, une nouvelle vision du financement du secteur s’appuie sur la notion d’investissement à impact social. Issue du monde de la finance, cette approche s’appuie sur un modèle anglo-saxon et bouscule les fondements de nos politiques sociales.

« Gagnant, gagnant, gagnant », les contrats à impact social, lancé en France par un appel à projet le 15 mars 2016, sont présentés comme trois fois gagnant. L’association y trouverait un financement pour une action innovante, l’investisseur y gagnerait un retour sur son investissement et la collectivité ou l’Etat y éviterait des coûts sociaux… Passage en revue.

Dans sa plateforme contre la pauvreté et l’exclusion qui court jusqu’en 2020, l’Union européenne prône une stratégie d’investissements sociaux. En France, en 2016, un séminaire (1) s’est interrogé : L’investissement social : quelle stratégie pour la France ? Le sociologue Nicolas Duvoux a participé au comité de pilotage.