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📝 Tribulations d’une assistante sociale de rue ‱ Communication, communication !

La femme que je suis a toujours Ă©crit, depuis toute petite. D’ailleurs il semblerait que mes pĂ©rĂ©grinations rĂ©dactionnelles aient trouvĂ© Ă©cho puisqu’elles sont publiĂ©es ! Ma formation m’a ensuite obligĂ©e Ă  me pencher sur les Ă©crits professionnels, genre Ă©loignĂ© du style littĂ©raire que je pratiquais jusqu’alors. Puis les annĂ©es passant sur le terrain, je n’ai eu d’autres moyens que d’écrire sur mon temps personnel afin d’extĂ©rioriser un trop-plein d’émotions vĂ©cu dans le cadre professionnel.
Un jour, j’ai contemplĂ© les diffĂ©rents fichiers prĂ©sents sur mon ordinateur et me suis aperçue qu’ils contenaient un nombre grandissant de tergiversations auxquelles je me prĂȘtais volontiers, mais qui ne trouvaient pas de destinataire. Un soir, l’élan d’un apĂ©ro et le rappel de conversations passĂ©es m’ont poussĂ©e Ă  partager mes Ă©crits et ont guidĂ© mes doigts pour rĂ©diger un mail – contenant certains de mes textes – Ă  destination de quelques revues spĂ©cialisĂ©es. J’ai Ă©tĂ© extrĂȘmement surprise des rĂ©ponses positives qui en ont dĂ©coulĂ©. Vous voilĂ  donc en train de me lire depuis un an.
Alors, en tant qu’assistante sociale, je suis rompue Ă  la rĂ©daction de notes sociales, de rapports sociaux, d’évaluations, d’informations prĂ©occupantes, de comptes-rendus de rĂ©union, de rapports d’activitĂ©, etc. Par ce biais, j’ai appris Ă  faire passer des idĂ©es, Ă  dĂ©crire une analyse, Ă  lier de la thĂ©orie Ă  de la pratique, nĂ©anmoins ce genre d’écrits ne s’adresse qu’à des travailleurs sociaux ou des cadres du mĂȘme secteur et n’ont d’autres objectifs que d’amĂ©liorer la situation ou la considĂ©ration des personnes accompagnĂ©es.
Avec les annĂ©es, des questionnements, tout comme des rĂ©flexions, ont grandi concernant l’évolution de nos pratiques et les moyens qui nous sont allouĂ©s, pour faire Ă©merger, chez moi, des dissonances entre ce que prĂ©voient les politiques sociales et la rĂ©alitĂ© du terrain. Il m’est donc apparu nĂ©cessaire de devoir faire remonter ces rĂ©flexions Ă  qui de droit, mais comment ?
Il m’a donc semblĂ© Ă©vident de devoir exprimer ces constats par la parole dans des instances prĂ©cises. Lors d’un congrĂšs, j’ai pris un micro afin d’exprimer des doutes. Autant vous le dire : diantre, fichtre et mazette, l’exercice est loin d’ĂȘtre facile ! Je me suis vue debout et tremblotante – image retransmise sur un Ă©cran gĂ©ant –, tenter de reprendre ma respiration ainsi que mes esprits pour aller au bout de ma pensĂ©e – j’y suis parvenue mais non sans mal – en prĂ©sence d’un millier de spectateurs ! Je prĂ©fĂšre de loin poser sur le papier les turpitudes qui me traversent que de devoir les exprimer Ă  l’oral devant un parterre d’interlocuteurs ! Ce type de prise de parole se doit d’ĂȘtre incisif et percutant pour ĂȘtre entendu.
Les professionnels du social (ne) sont peu (pas) formĂ©s Ă  la mise en valeur de leurs actions. La Communication (orale ou Ă©crite) devrait ainsi devenir incontournable aux vues des tumultes que traverse notre secteur d’activitĂ©.


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