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■ ACTU - CRA du Mesnil-Amelot, La Cimade se retire

Le 02 Mars, La Cimade manifestait devant le centre de rétention administratif du Mesnil-Amelot pour dénoncer des violations répétées des droits fondamentaux. En février, l’association d’aide aux exilés annonçait son retrait jusqu’à nouvel ordre du Cra, faute de pouvoir accomplir ses missions auprès des personnes retenues.



La Cimade dénonce une politique d’enfermement et d’expulsion mise en oeuvre au mépris du respect du droit et de l’humanité. ©DR

« Derrière les murs, la honte ». Ce sont les mots qui ont recouvert le mur bétonné du centre de rétention ce jeudi 02 mars. Une centaine de personnes rassemblant salariés, bénévoles et partenaires de l’association se sont données rendez-vous pour dénoncer les contrôles au faciès, l’irrégularité des procédures administratives, l’absence de prise en compte de la vulnérabilité des personnes par l’administration.

« Les Cra sont devenus des lieux de violations systématiques des droits et d’atteintes graves à la dignité humaine », résume Louise Lecaudey, responsable régionale rétention au Cra du Mesnil Amelot à la Cimade, lors de la manifestation.

Le déni de l’administration

Malgré les dizaines d’alertes de la Cimade sur l’augmentation des violences policières et des troubles psychiatriques observés parmi les retenus de Mesnil-Amelot ces derniers mois, l’administration est toujours restée impassible, dans le déni.

« L’administration refuse de reconnaître l’existence de violences policières, elle parle d’usage de la force », regrette Dalia Frantz, responsable nationale de la rétention à la Cimade. « Des personnes qui ont essayé de mettre fin à leurs jours ont été placées en isolement et se retrouve dans l’incapacité de faire valoir leurs droits. Elles n’ont rien à faire en rétention mais la seule réponse de l’administration est “ils simulent“ ».



En 2022, 170 personnes ont été placés à l’isolement, beaucoup étaient en souffrance psychique. ©DR

Au Cra du Mesnil-Amelot, un psychiatre est présent seulement une demi-journée par semaine pour 240 retenues. Depuis le début d’année, plusieurs personnes hospitalisées en psychiatrie ont été renvoyées en rétention dès leur sortie.

« On a répertorié onze expulsions illégales dont cinq concernant des personnes qui avaient déposé un recours suspensif auprès du tribunal administratif ou une demande d’asile. Depuis le début de l’année 2023, on a eu une vraie accélération des expulsions illégales », s’indigne Dalia Frantz.

11 expulsions illégales

Six autres personnes normalement protégées par la loi contre l’éloignement en raison de leurs attaches familiales sur le territoire ont été expulsées. L’association dénonce aussi l’enfermement abusif des ressortissants d’Algérie, du Maroc et de pays à risque comme l’Afghanistan, l’Iran, le Soudan du Sud ou la Syrie, maintenues en rétention malgré l’absence de laisser-passer.

« Notre mission n’a plus aucun sens et on perd toute crédibilité, ce n’est pas acceptable d’être l’acteur qui doit lire le droit alors que ce qu’on dit n’a plus de valeur », insiste Dalia Frantz. Si des négociations sont en cours avec les autorités, l’association assure qu’elle maintiendra son droit de retrait jusqu’à ce que les conditions soient réunies pour qu’elle exerce ses fonctions.

Jérémie Rochas


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