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17 octobre 2023

🎭 THÉÂTRE • Mémoire de l’immigration - Des Algériens jetés dans la Seine en 1961

Voici 62 ans, le 17 octobre, 40 000 personnes manifestaient pacifiquement pour réclamer l’indépendance de l’Algérie et s’opposer au couvre-feu réservé aux seuls Algériens. La réponse de Maurice Papon, préfet de la Seine sera terrible : trois cents morts – dont plusieurs jetés dans la Seine, entre les ponts d’Argenteuil, Bezons, Clichy, Neuilly, Saint-Michel, Saint-Denis et Magenta - et des centaines de blessés. « Un véritable crime d’État occulté durant toutes ces années », rappelle l’auteur de la pièce 17 octobre 1961, je me souviens, M’hamed Kaki, militant des crimes coloniaux, fondateur de l’association Les Oranges à Nanterre (Hauts-de-Seine).
À la manière de Georges Perec, Ali, 90 ans, raconte l’histoire à sa petite-fille Djamila, étudiante à l’université, souvent en révolte et dans les manifestations. Elle l’interroge sur la disparition de Hakima, l’une des quatre sœurs de sa femme. Il ne veut pas parler, mais Djamila ne cède pas et la mémoire remonte.

Héritage

Ce texte transforme le drame de la vie des Algériens de France dans les années 60 en un héritage riche et positif pour les jeunes Français héritiers de l’immigration coloniale. Ce récit appartient à l’Histoire de France. Il relève ces corps dignes, en hommage aux parents qui se sont battus. Il offre aux quartiers cette mémoire. M’Hamed Kaki, ancien éducateur spécialisé dans les collèges et lycées et animateur d’ateliers d’écriture, raconte aussi l’attitude des militaires français en Algérie quand ils ont embarqué Hakima (également surnommée La Lumière) alors âgée de 15 ans, vers la peine de mort en 1960, le corps criblé de balles, tandis qu’elle criait « Vive la Révolution », dans la région de Biskra.

Racisme

Côté français, on voit ces patrons racistes qui font travailler sans protection des « ouvriers indigènes » dans les usines Renault, Citroën et Lambert, jusqu’à l’accident mortel et la nausée des travailleurs. Quand les révoltes convergent, elles sont réprimées dans une violence policière raciste extrême qui envoie en prison, commet des arrestations arbitraires, des exécutions sommaires et fait disparaitre sans preuve, en noyant dans le fleuve. « J’ai vécu », lance alors Ali à sa petite-fille.
L’auteur raconte aussi l’éducation humiliante en France après l’indépendance de 1962, avec cet instituteur pied-noir déclassé, muté en banlieue qui se venge sur ses élèves de CP. C’est l’école de Monsieur S., bâton à la main, qui tyrannise les « enfants d’indigènes » pour qu’ils connaissent Charlemagne et Charles Martel.

La liesse d’Alger la blanche

Enfin, le spectacle se termine dans la liesse d’Alger la Blanche, le 5 juillet 1962, celle de l’utopie populaire des Algériens libres qu’ont rejoints les femmes et des militants du monde entier, autour du port et de ses pêcheries. C’est la célébration de la nouvelle ère, toujours possible, avec la reprise du pays par Houari Boumédiène, assortie de mesures comme l’école pour tous, les retraites, la réforme agraire, les nationalisations des hydrocarbures. À la fin du spectacle, le public est invité à monter sur scène pour danser dans une allégresse communicative !

Agnès Montagne

17 octobre 1961, je me souviens, une pièce écrite et jouée par M’Hamed Kaki, avec la voix de Anissa Kaki.

Le 17 octobre 2023, une cérémonie commémorative en hommage aux victimes de 1961 aura lieu le long du canal de Grigny (Essonne), à 18 h 30.

Prochaines représentations de la pièce :

. 13 octobre 2023 au centre culturel Sydney Bechet à Grigny (Essonne) à 14h (pour les scolaires) à 20 h (tout public).

. 17 octobre 2023 au Théâtre de la Mer à Marseille à 19 h.

. 18 octobre 2023 à la Librairie Transit à Marseille à 19 h.

. 19 octobre 2023 à l’Auditorium de la médiathèque Annie Ernaux à Villetaneuse (Seine-Saint-Denis) à 20 h 30.

. 22 octobre à la Maison d’Éducation populaire sur les Hauts de Belleville à Paris à 15 h 30.

. 22 octobre à la Maison de la Citoyenneté à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) à 18 h 30.

. 24 octobre à la Maison du théâtre et de la danse à Épinay-sur- Seine (Seine-Saint-Denis) à 16 h 30.

. 8 et 9 novembre au Théâtre des fêtes à Nanterre (Hauts-de-Seine), à 14 h pour les scolaires. Le 10 novembre tout public à 20 h.

. 18 novembre à la librairie chez Josette à Charleville-Mézières (Ardennes) à 18 h.

Contact : lesoranges.com92@yahoo.fr

Pour le quarantième anniversaire de la Marche pour l’égalité et contre le racisme Le 2 décembre, l’association Les Oranges organise le colloque populaire et festif Quarante ans après la marche, quel bilan ? Quel héritage ? - Salle des Congrès de Nanterre à 13 h 30 – Contact : rencontrespopulairesfestives@gmail.com