L’Actualité de Lien Social RSS


Protection de l’Enfance : de graves dysfonctionnements dénoncés en Gironde

Une lettre ouverte a été adressée ce début de semaine par une partie des salariés des services du Centre départemental de l’enfance et de la famille (CDEF) d’Eysines, en Gironde, à l’ensemble de ses partenaires notamment, et à la presse. Intitulé Les enfants sacrifiés de la République ce texte dénonce de graves violences, à trois niveaux : violence des jeunes entre eux (dont des cas d’abus sexuels), violence institutionnelle à l’encontre des salariés, violence des jeunes envers les professionnels.

« Au moins 190 événements répertoriés depuis début 2016 », précise une salariée, soulignant que ce chiffre reste bien en-deçà de la réalité. Le courrier (en date du 4 avril, à lire ici) exprime cette inquiétude : « nous avons le sentiment d’être en situation de non-assistance à enfants en danger et d’endosser une responsabilité morale, mais aussi pénale ». Une alerte avait déjà été lancée il y a un an par deux courriers (datés du 31 mars et du 26 avril 2016, à lire ici) soulevant les mêmes questions et évoquant des promesses formulées mais non suivies d’effets, selon leurs auteurs.

Pas loin des services d’urgences

La directrice adjointe de l’établissement – 450 salariés répartis en 18 structures – a répondu à la sollicitation de Lien Social : d’emblée, elle confirme les difficultés, imputables, selon elle, « à l’obligation d’accueil inconditionnel, sept jours sur sept et 24h sur 24, et au sureffectif des enfants accueillis ». Actuellement, par exemple, 30 enfants au lieu de 24 sont accueillis au service Petite enfance.

Rapprochant la situation du CDEF girondin de l’ensemble des foyers de l’enfance départementaux. « On se sent très proches du service des urgences de l’hôpital » explique sa direction, rappelant quelques avancées récentes : la semaine prochaine, doit ouvrir une structure expérimentale pour enfants de 8 à 12 ans, avec des éducateurs et des infirmiers travaillant en binôme. Une action mise en place sur proposition du CHS-CT.

Un schéma à étudier soigneusement

Par ailleurs, suite à l’alerte de l’an dernier, quelques renforts en personnels ont été débloqués en juin 2016, dont six postes au service Petite enfance ; des formations à la « contenance » (pour ne pas dire contention, ndlr) ont été mises en place… Un autre projet d’accueil thérapeutique intersectoriel, pour jeunes et adolescents, est en cours avec l’Agence régionale de santé… La direction affirme également avoir elle-même alerté le Département sur la dégradation de la prise en charge liée au contexte d’accueil inconditionnel.

Le schéma départemental de Protection de l’enfance est en train d’être réécrit pour les années à venir. Prendra-t-il en compte ces données ? « Quoi qu’il en soit, ce sont les professionnels de terrain qui ont les solutions », conclut la direction du CDEF. Le malaise est réel, emblématique, et l’affaire ne fait sans doute que commencer.