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Prévenir et lutter contre les violences en milieu de santé

Pour faire la lumière sur les atteintes aux personnes et aux biens au sein d’établissements de santé, sociaux et médico-sociaux, l’Observatoire national des violences en milieu de Santé (ONVS) a recueilli les signalements de ces derniers portant sur les années 2015 et 2016.

Son rapport apporte un éclairage précis sur le type de violences, leur fréquence, le profil des auteurs et les conséquences des actes subis et devrait permettre une meilleure visibilité et donc une action plus ciblée des pouvoirs publics.
Les chiffres, non exhaustifs, ne sont pas à analyser comme une tendance car ils concernent les signalements recueillis auprès des établissements volontaires, soit environ 6% d’entre eux.

Une meilleure connaissance des violences

Des incivilités aux actes de violences les plus graves, l’ONVS a répertorié toutes les atteintes, soulignant que « l’empathie naturelle des personnels de santé ne doit pas aboutir à accepter l’inacceptable. »
En revanche sont distingués depuis 2015 les faits de violences commis en raison d’une pathologie ou non (trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli le discernement ou le contrôle des actes de l’auteur).
Typologie des violences :

  • Les atteintes aux personnes concernent 77% des signalements enregistrés et les atteintes aux biens sont de 23%. Elles sont commises à 20% en milieu psychiatrique, à 13% aux urgences et à 11% en gériatrie (Unités de soins longue durée (USLD) et EHPAD) où l’on recense de nombreux troubles de schizophrénie ou Alzheimer par exemple.
  • Les violences physiques forment la principale atteinte aux personnes (50% des violences répertoriées) et se déroulent en milieu psychiatrique et gériatrique essentiellement, suivies des insultes et injures (33%) qui ont lieu fréquemment aux urgences et en pédiatrie, où l’attente des patients est forte et chargée en émotions et en angoisse.
  • Les premières victimes sont les personnels de santé (84%) et pour être plus précis les femmes infirmières. Quant aux auteurs, ce sont en majorité des patients (70%) suivis des visiteurs ou accompagnants (19%). Le reproche relatif à la prise en charge constitue le motif principal du déclenchement des violences, suivi (de loin) par le temps d’attente.
  • Les atteintes aux biens concernent pour moitié des vols sans effraction.
  • Lors d’un incident, les personnels de santé sont les premiers à intervenir en renfort de leurs collègues. À noter qu’avec la professionnalisation des services de sécurité en milieu hospitalier, les agents de sécurité interviennent de plus en plus.

Prévention et signalement

L’Observatoire note une forme d’autocensure grandissante des soignants à signaler les actes de violences ou à déposer plainte. La méconnaissance de leurs droits, l’appréhension de la procédure judiciaire, la perte de temps ou la peur de représailles expliquent ce silence écrasant. L’information doit donc prendre davantage de place au sein des milieux hospitaliers.

L’ONVS recommande l’utilisation d’un outil pratique : la « fiche d’évènement indésirable », qui permet une meilleure connaissance des actes de violence. De plus en plus d’établissements forment leurs personnels à les remplir, ce qui aboutit aussi à une désacralisation et à une réelle prise de conscience des violences.
Enfin, depuis avril 2017, un guide méthodologique « la prévention des atteintes aux personnes et aux biens en milieu de santé » est disponible en ligne.