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■ ACTU - Plan petite enfance : un nouveau service public en suspens

Victoire pour les uns, effet d’annonce pour les autres, le plan du gouvernement pour la petite enfance présenté le 1er juin divise le secteur.

Les annonces du gouvernement se faisaient attendre depuis la publication du rapport de l’inspection générale des affaires sociales (Igas) en avril 2023. L’étude concluait à « une qualité d’accueil particulièrement hétérogène dans les établissements d’accueil du jeune enfant (Eaje), le secteur présentant
des établissements de grande qualité [...] comme des établissements de qualité très dégradée »
. L’Igas insistait également sur la pénurie de professionnels et estimait que «  les faibles niveaux de rémunération, la qualité de vie au travail, le sentiment de ne pas pouvoir accorder à l’enfant le temps dont il a besoin ne permettent pas d’attirer et de fidéliser le personnel ». En réaction, Élisabeth Borne avait aussitôt promis la création d’un service public de la petite enfance dont elle a présenté les grandes lignes le 1er juin. La Première ministre a annoncé mobiliser 5,5 milliards pour ce plan petite enfance et s’est engagée à l’ouverture de 200 000 places supplémentaires en crèche d’ici 2030.


Le gouvernement estime que 49 % des crèches manquent de professionnels
Crédit : Jérémie Rochas


« Un bon niveau d’ambition » selon la Caf

Dès le lendemain, la Caf et la Cnaf se sont réjoui des engagements de la cheffe du gouvernement. L’organisme entend utiliser ces moyens supplémentaires pour développer des solutions d’accueil individuel et collectif, en particulier des crèches à vocation d’insertion professionnelle, des relais petite enfance (Rpe), et des structures passerelles. « C’est un gage de confiance que nous espérons voir concrétiser sur l’ensemble de nos politiques d’ici la fin de la négociation en cours avec l’État de notre convention d’objectifs et de gestion 2023-2027 », a réagi Isabelle Sancerni, présidente du conseil d’administration de la Cnaf.

« Une grosse déception » pour les syndicats

Du côté des syndicats, l’heure est à la méfiance. « On ne parle pas réellement de revalorisation des professions. On veut créer des places, mais qui va s’occuper de enfants ? », s’inquiète Véronique Escames, co-secrétaire générale du syndicat général des professionnels de la petite enfance (Snppe). L’auxiliaire de puériculture regrette qu’aucune réponse concrète n’ait été apportée sur les problématiques de départs massifs à la retraite et du manque de formations adaptées. La Cgt demande, elle aussi, «  une réelle prise en compte des revendications des professionnels en améliorant leur formation, leur qualification et leur rémunération ». Le syndicat s’inquiète de la place laissée au service privé lucratif dans le secteur de la petite enfance.
Le 6 juin, le collectif Pas de bébés à la consigne, composé de syndicats et d’associations du secteur, avait appelé à manifester pour demander des mesures concrètes garantissant une qualité de l’accueil des enfants dans les crèches. Jean-Christophe Combe, ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des personnes handicapées, a refusé de recevoir la délégation du collectif.

Jérémie Rochas


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