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■ ACTU - Inégalité : la « Fracture sociale » se porte bien

Le 9è rapport de l’Observatoire des inégalités montre les écarts importants qui subsistent entre groupes sociaux, que ce soit en termes de revenus, de logement, de santé ou de conditions de travail.

« Nous parlons de « fracture sociale » car les inégalités entre classes sociales demeurent aiguës. Dans tous les domaines il y a des écarts importants liés à la catégorie sociale, on est très loin d’une « moyennisation » de la société », explique Anne Brunner, co-auteure du rapport sur les inégalités en France, publié tous les deux ans par cet observatoire indépendant.



Un cadre gagne en moyenne 2500 € de plus par mois qu’un employé. ©Piyapong Saydaung de Pixabay

Les écarts se creusent en matière de revenus, ceux des classes moyennes et modestes ayant stagné depuis 15 ans, alors que ceux des plus riches ont continué à augmenter : « Aujourd’hui un cadre gagne en moyenne 2500€ de plus par mois qu’un employé », illustre l’auteure.

Les inégalités concernent également l’emploi. Malgré la baisse du chômage, il reste deux millions de demandeurs d’emploi comptabilisés, auxquels s’ajoutent « quatre millions de travailleurs précaires, et deux millions de personnes ayant renoncé à chercher du travail, ce qui fait un actif sur quatre en situation de mal-emploi », estime le rapport.

4 millions de travailleurs précaires

Les personnes au bas de l’échelle des salaires - ouvriers et employés - subissent beaucoup plus souvent que les cadres des conditions de travail pénibles ou des horaires décalés. Cela se répercute sur leur santé au travail : les deux-tiers des cas de maladies professionnelles concernent des ouvriers (chiffres 2019) et les accidents graves du travail concernent 7 fois plus d’ouvriers que de cadres.

Les inégalités sociales se déclinent aussi au niveau du logement. Bien que le confort des logements se soit globalement amélioré en 15 ans, selon l’Insee, « les problèmes de bruit, d’humidité ou les difficultés à chauffer concernent deux fois plus les 20% de ménages les plus modestes, que les 20% les plus riches », pointe l’étude.

L’obésité a doublé chez les ouvrier

Les inégalités de santé se creusent aussi : « L’obésité a doublé en 20 ans chez les ouvriers, et n’a augmenté que de 2,5% chez les cadres », souligne Anne Brunner. Il y a aujourd’hui près de deux fois plus d’obésité parmi les catégories modestes (18%) que chez les plus aisées (10%). Même constat pour les maladies graves de longue durée : « Les 10% les plus pauvres ont 2,8 fois plus de chance de développer un diabète que les 10% les plus riches », note le rapport.

Enfin, l’ultime inégalité, découlant de toutes les autres, est celle de l’espérance de vie : « Un cadre peut compter sur six années de vie supplémentaires, dont cinq années de retraite en plus qu’un ouvrier », estime le rapport.

Les auteurs estiment qu’il faudrait « davantage prendre en compte cette profonde fracture sociale, car elle créé des tensions très fortes dans la société, qui menacent notre démocratie ».

Mariette Kammerer

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