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ACTU-L’insertion des "invisibles" menacée en Ile-De-France

inquiets pour leur avenir, les responsables des espaces dynamiques d’insertion (EDI) ont manifesté le 9 novembre devant les locaux de la Région Ile-de-France. Ces structures d’insertion, qui accueillent 2500 jeunes par an, ne savent pas si leur convention avec le conseil régional sera reconduite pour les trois ans qui viennent. La Région les a informé que le dispositif était « suspendu », le temps qu’elle procède à « une analyse des moyens et des résultats ».

Dispositif suspendu

Ces structures accompagnent des jeunes de 16 à 25 ans dits « invisibles », déscolarisés, peu ou pas qualifiés. « Ce sont des jeunes en voie de désocialisation, en rupture avec les institutions, mais il y a une diversité de problématiques : des étrangers primo-arrivants qui ne parlent pas français ; des décrocheurs scolaires qui n’ont pas d’appétence pour les apprentissages ; des jeunes en situation de handicap ayant peu de liens avec d’autres jeunes ; et des jeunes de l’aide sociale à l’enfance. Cette mixité est très riche », rapporte Jérôme Mège, chef de service à S’PASSE 24 à Montreuil (93), EDI géré par l’association Aurore.

Portés par 17 associations, les 26 EDI d’Ile-de-France mettent en œuvre le programme d’insertion « Avenir Jeunes » : « On a une certification Qualiopi, on est contrôlés, on répond au cahier des charges de la Région », précise le chef de service. L’accompagnement comporte de la remise à niveau sur les savoirs de base, des ateliers collectifs d’expression orale, de sport, création artistique, informatique, découverte des ressources du territoire. Il vise à développer l’autonomie et à faire émerger un projet professionnel. « On réalise avec eux un énorme travail de socialisation et de confiance en soi, poursuit-il. Avant d’entrer en formation ou en emploi, ils ont besoin de réactiver leurs ressources, de retrouver des perspectives. On propose un espace d’élaboration et on travaille avec un ensemble de partenaires éducatifs pour construire un projet professionnel. C’est un long travail. »

52% de sorties positives

Les jeunes sont accompagnés jusqu’à 20 heures par semaine et perçoivent une allocation allant jusqu’à 500€. Ils bénéficient aussi d’un suivi individuel sur des problématiques spécifiques - logement, santé, orientation, etc. « On travaille beaucoup sur la prévention des addictions et des conduites à risques, l’accès aux droits, le lien avec les institutions de droit commun. Les EDI sont un pivot, ils ont des partenariats très larges. Il n’y a pas de structure équivalente », estime Jérôme Mège.
La Région estime néanmoins que le taux de « sorties positives » vers l’emploi ou la formation, qu’elle évalue à 52%, est insuffisant. Pour le chef de service, la notion de « sortie positive » est trop restrictive : « un jeune qui se sent mieux, qui a repris confiance, qui prend moins de risque, qui s’inscrit dans une dynamique constructive, c’est déjà un résultat. On est dans la prévention, et cela couterait beaucoup plus cher de ne pas s’en occuper », pointe-il. Une rencontre est prévue entre la Région et les responsables d’EDI d’ici la fin du mois.

Mariette Kammerer


Pour aller plus loin :
- Action éducative/Prévention spécialisée
- Action éducative/École
- Jeunes/Errance
- Jeunes/Insertion