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■ ACTU - Réforme de l’assurance chômage : la fabrique de la précarité

Une Assurance chômage « plus stricte quand trop d’emplois sont non pourvus, plus généreuse quand le chômage est élevé ». C’est dans ces termes qu’Emmanuel Macron présentait cet été la réforme à venir. La voilà instaurée.

Ce lundi 21 novembre, Olivier Dussopt, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, détaillait les modalités de la réforme face à des partenaires sociaux indignés. « Nous allons moduler à la baisse la durée d’indemnisation maximale de la durée du chômage », résumait-t-il, justifiant ce choix par le contexte favorable du marché de l’emploi. Dans les faits, dès le mois de février, la durée d’indemnisation des demandeurs d’emploi sera variable selon " la conjoncture " et le taux de chômage. Si ce dernier est inférieur à 9 % comme c’est le cas aujourd’hui, la durée d’indemnisation sera réduite de 25 %, en respectant une durée minimale de six mois.



Selon le ministère du Travail, entre 25 % et 42 % des salariés éligibles ne recourent pas à l’assurance-chômage. ©Jérémie Rochas

Pour Daniel Goldberg, président de l’union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux (Uniopss), cette décision est le signe d’une « incohérence des politiques publiques ». À l’heure des concertations autour du « pacte de la solidarité » et de la « fabrique du bien vieillir », la réforme fait fausse note.

Les seniors premiers touchés

"Le risque est de voir des gens basculer dans la précarité a tout âge, en priorité les salariés seniors", explique Daniel Goldberg, dénonçant " la double peine " qu’implique le combo réforme de l’Assurance chômage et réforme des retraites si elle est votée. « Prenons le cas d’une personne de 61 ans qui n’arrive pas à retrouver du travail et à qui on promet le rallongement du départ en retraite. Si elle est au chômage et qu’elle refuse un travail proposé qui ne correspond pas à ses qualifications, elle va se retrouver dans une situation sociale dégradée."

Alors que depuis des mois, les acteurs du secteur social et médico-social alertent sur l’augmentation de la précarité, le président de l’Uniopss ne comprend pas cette hiérarchie des priorités imposée par le gouvernement. « On va mobiliser des professionnels pour lutter contre la fraude mais pas contre le non-recours aux droits ». Selon le ministère du travail, entre 25 % et 42 % des salariés éligibles ne recourent pas à l’Assurance chômage. Faire des économies sur les personnes vulnérables plutôt que les accompagner, une stratégie qui n’a pas fini d’être dénoncée par les acteurs de la lutte contre l’exclusion sociale.

Jérémie Rochas


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