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► C’est quoi le problème ? Par Mélodie • D’hier à aujourd’hui

Il flotte comme un air de vacances ; des enfants jouent sur la plage, quelques mouettes égarées survolent le lac. Ça rit, ça éclabousse, ça se court après et ça construit des châteaux de sable avant de les détruire. Une matinée qui s’écoule plutôt tranquillement jusqu’au moment où des cris de rage font lever le nez de Marie de son polar. Sami – l’enfant de sa copine – est rouge de colère, son corps s’éparpille ; seau, pelle et râteau valdinguent. Marie le rattrape quand il s’éloigne en pleurant et en courant. « Mais qu’est-ce qui s’est passé ? » Il la tape tout en trépignant et ne répond pas. Marie le prend dans ses bras – il se débat comme un beau diable –, elle s’assied tout en le coinçant entre ses jambes, l’enveloppe de ses deux bras, le serre de plus en plus fort. Son corps est raide, sa rage est immense et il lutte pour se dégager. Marie tient bon et lui glisse des mots qui ricochent sur ses oreilles qui font les sourdes. Alors, elle fredonne de petites chansons qu’il aime et le berce tendrement. Peu à peu le petit corps se relâche. Cette scène, vécue il y a une trentaine d’années, se réplique cet été. Un sentiment de déjà vu, de déjà vécu, de déjà éprouvé lui tombe dessus quand elle se retrouve avec son petit-fils Mattis, raide comme une planche et vociférant ; elle plaque le dos de l’enfant contre son ventre et l’entoure de ses bras avec fermeté pour tenter de le protéger de la violence qui l’irradie. Il braille, s’étouffe et malmène tout son être jusqu’à l’épuisement. Marie le tient serré, lui murmure des mots forts, des mots qui disent qu’elle ne lâche pas un enfant en colère, non jamais elle ne l’abandonnera. Elle lui chuchote qu’elle desserrera ses bras quand il ne criera plus, qu’elle sera toujours là, qu’il choisira de partir ou de rester sur ses genoux et qu’elle attendra qu’il soit prêt pour entendre les mots qui nomment ce qui grogne tout au fond de son ventre et qui l’encombre, le déroute, l’éloigne de lui-même. Qu’est-ce qu’il en a compris ? Marie l’ignore. Ce qu’elle sait, c’est simplement ce qu’elle ressent : l’enfant devient soudain une poupée de chiffon et se retourne face à elle, pose sa tête sur son épaule, ravale sa nifle et retrouve une respiration régulière. Il reste blotti un petit moment sans bouger contre elle, alors qu’elle ne le retient plus. Il lève sa petite tête vers elle et dit : « Je peux y aller maintenant ? » « Oui tu peux y aller et n’oublie pas que cette grosse colère il faudra un jour en faire quelque chose. » Son frère Léo a regardé toute la scène. Il a souri à Marie quand Mattis a choisi de se faire câliner. Quelques jours plus tard, ils ont retrouvé leur mère. Et le soir-même Mattis lui confiait : « elle me manque mamé ! »



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