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■ ACTU-Journée mondiale des réfugiés, l’extrême droite à la fête

À quelques jours de la Journée mondiale des réfugiés, des associations de solidarité d’Annecy ont dû annuler un apéro citoyen à la suite de menaces de la part de l’extrême droite.

À la veille de la Journée mondiale des réfugiés qui se déroule aujourd’hui, le tiers lieu associatif de transformation sociale L’Écrevis, la section de la Ligue des droits de l’homme et Solidarité Migrants à Annecy (Haute-Savoie) ont dû annuler un apéro citoyen visant à mettre en lien accompagnants et personnes exilées, familles d’accueil et mineurs isolés étrangers non pris en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE).



À Annecy, malgré l’interdiction de la préfecture, un rassemblement d’extrême droite réunit une cinquantaine de personnes après l’attaque au couteau du 8 juin. Comme à Callac et à Saint-Brévin-les-Pins, cette minorité visible fait grand bruit. ©Richard Vivion/Radio France/Maxppp

La rencontre entre personnes exilées et personnes solidaires était prévue bien avant le 8 juin, date à laquelle a eu lieu une attaque au couteau perpétrée par un demandeur d’asile Syrien qui a blessé six personnes dont de très jeunes enfants. « Le soir même, des groupuscules d’extrême droite récupéraient ce drame en défilant dans les rues de la ville et en scandant des slogans que la France n’avait pas entendus depuis 1939 », dénonce un des organisateurs de l’apéro citoyen qui souhaite garder l’anonymat.

Une extrême-droite décomplexée

L’événement solidaire a été relayé sur les réseaux sociaux par un militant Identitaire, ce qui a entraîné de la part d’individus d’extrême droite « diffamations honteuses, propos racistes des plus violents, menaces de lynchage… poursuit-il. Nous avons été contraints de reporter cette rencontre pour ne pas mettre en danger les personnes présentes. »

Une nouvelle marque, depuis le début de l’année, d’une vigueur décomplexée de groupuscules d’ultra-droite mais aussi de mouvements de droite extrême ayant table ouverte dans certains médias.

Déchainement de haine, Reconquête ! en tête

Ainsi le 22 mars dernier, Yannick Morez, le maire (divers droite) de Saint-Brévin-les-Pins (Loire-Atlantique) a été victime de l’incendie criminel de sa maison, une agression liée à la prochaine extension d’un centre d’accueil de réfugiés sur sa commune. Le 9 mai, quelques cinq cents militants cagoulés manifestaient sur les pavés parisiens, portant des fanions caractéristiques de la mouvance la plus extrémiste.

Rappelons aussi le déchaînement de la sphère d’extrême droite - Reconquête !, le parti d’Éric Zemmour en tête -, à la suite de l’attaque au couteau d’Annecy, faisant un amalgame entre Islam, migration et violence, que les faits ont rapidement démenti.

Dépôts de plaintes

Ce que l’on sait moins, passé l’émotion médiatique, c’est que ces menaces, diffamations, injures se poursuivent malgré la réprobation, tardive, de l’État. À Saint-Brévin-les-Pins, Dorothée Pacaud (sans étiquette), la nouvelle maire a déjà dû déposer plusieurs plaintes contre de nouvelles intimidations.

À Annecy, le 18 mai, une enquête a été ouverte à la suite d’un défilé nationaliste aux flambeaux scandant des slogans tels que « La France aux Français ». L’Écrevis, la Ligue des droits de l’homme et Solidarité migrants ont pour leur part, déposé une plainte pour diffamation publique, propos racistes et menaces de mort.

Katia Rouff-Fiorenzi


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