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■ ACTU - Droit Au Logement : une répression sans précédent


Interpellation de Jean-Baptiste Eyraud le mardi 12 avril lors de la manifestation devant le Ministère du Logement - © DR

Mardi 12 avril, une manifestation devant le ministère du logement a été violemment réprimée. Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l’association Droit au Logement, a subi une clé d’étranglement avant d’être placé en garde à vue, et plusieurs manifestants pacifiques ont été blessés.

Depuis le 5 mars, la place de la Bastille est occupée jour et nuit par 220 familles « oubliées du DALO (Droit au logement opposable) », en attente de relogement. Face au silence de la préfecture, l’association DAL organisait hier, mardi 12 avril une manifestation pacifique devant le ministère du logement. « Dès qu’on est arrivés sur la chaussée, on s’est fait entourer par la police  », relate Passy, militant au DAL. Selon lui, le parcours avait été pourtant défini «  lors de la déclaration de manifestation déposée en préfecture cinq jours auparavant ». Les familles, dont certaines accompagnées d’enfants, auraient aussitôt reçu du gaz lacrymogène. Alors que le porte-parole du DAL est pris à partie par cinq policiers, une manifestante s’interpose. « J’étais derrière lui. Un policier a tenu mon bras, et m’a secouée jusqu’à ce que je perdre l’équilibre. Je suis tombée et me suis cogné la tête. Jean-Baptiste est tombé sur moi  », raconte avec émotion Ramadan (1), engagée depuis le 5 mars dans l’occupation de la place de la Bastille. Suite à cette chute, elle sera emmenée à l’hôpital et recevra trois jours d’ITT. L’instant d’après, Jean-Baptiste Eyraud subira une clé d’étranglement pendant de longues secondes avant d’être interpellé pour « rébellion » et mis en garde à vue au commissariat du 7ème arrondissement pour être libéré plus tard dans la soirée. «  Ils ont brutalisé des mères de familles, des retraités, des personnes âgées. On va porter plainte sur la violation du droit de manifester et sur l’usage excessif de la force contre les familles », indique-t-il.



Un acharnement depuis le mois de mars

Les membres du DAL sont abasourdis. « Il y a un acharnement contre nous depuis début mars, depuis qu’on a installé le campement place de la bastille  », affirme Jean-Baptiste Eyraud. La préfecture a déposé deux arrêtés d’interdiction, pour l’occupation de place de la Bastille et pour la manifestation de fin de trêve hivernale. À chaque fois, le tribunal administratif a finalement donné raison à l’association. « Il n’y avait jamais eu d’interdiction de manifester avant, on a toujours fait les choses dans les règles  », insiste le porte-parole du DAL. Le 3 avril dernier, lors d’une action menée avec ATTAC, le militant associatif avait déjà été interpellé par les forces de l’ordre. Malgré la pression de la préfecture, les militants du droit au logement ne comptent pas s’arrêter là. « Compte tenu du bruit que fait l’affaire, la Ministre chargée du logement va nous recevoir demain matin. S’il n’y a pas d’engagement, le campement sera maintenu, 24h/24h  », prévenait mardi Jean-Baptiste Eyraud.


Occupation de la place de la Bastille par les familles oubliées du DALO - © DR


Un collectif de syndicats et d’associations réunis autour de la Plateforme Logement Pour Tou.te.s a appellé à rejoindre le rassemblement de mercredi 13 avril à 18 h place de la Bastille « contre la répression et pour le relogement des oublié-es du DALO ».


Manifestation du DAL le mardi 12 avril devant le Ministère du Logement - © DR

Jérémie Rochas


(1) Le prénom a été changé