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■ ACTU - Éducateur spécialisé - Victoire aux Prud’hommes

Nous en parlions dans le numéro 1303 de Lien Social : Boris Mollet, éducateur au sein du service d’éducation spéciale et de soins à domicile (SESSAD) La Roselière à Stains (Seine-Saint-Denis), avait été brutalement licencié en 2020. Au centre du conflit avec sa hiérarchie, une réunion d’équipe durant laquelle il évoque son malaise face à la politique managériale. Selon lui, celle-ci est portée uniquement sur les chiffres, dans une logique de contrôle des équipes éducatives. L’éducateur manque d’autonomie, se sent infantilisé. Même si la réunion ne fut pas spécialement houleuse selon lui, Boris avait parlé, trop parlé : un mois après, il était convoqué pour un entretien préalable au licenciement pour faute grave. Les tentatives de négociation furent vaines, le licenciement prononcé.
Boris tenait à porter l’affaire devant les Prud’hommes. Le verdict de l’audience du 22 septembre 2021 est tombé le 16 février 2022 : le Conseil des Prud’hommes de Melun a jugé nul le licenciement de l’éducateur. Selon les magistrats, il violait une liberté fondamentale du professionnel : la liberté d’expression. « C’est un grand soulagement, commente Boris. J’ai un sentiment de fierté, face à cette justice rendue, et de dignité. Ce jugement est une reconnaissance de mon professionnalisme. »

Mobilisation

Une mobilisation conséquente avait suivi cette décision, les anciens collègues de Boris vouant les qualités de ce professionnel. Des collectifs et syndicats s’étaient également mobilisés. Aujourd’hui, Boris invite chacun à s’organiser, ne pas rester isolé s’il se trouve dans une situation similaire : « Je n’aime pas parler d’exemple, car j’aurais aimé ne pas avoir à vivre cela, mais je me dis que cette décision peut aider d’autres collègues à se sentir moins seuls. Qu’ils n’aient pas peur de s’organiser face à des situations qui peuvent être violentes, dans notre secteur. »
Pour les dommages subis, l’association IPSIS doit verser neuf mois de salaire à l’éducateur. L’ancien employeur de Boris Mollet a également un mois pour faire appel à compter de la notification de la décision.

Rozenn Le Berre


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Licenciement • Boris, accusé de trop parler

Lien Social n°1303

Rubrique Tribune des résistances