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🎥 - CINEMA - Aux marges siciliennes

Oscar travaille avec son pĂšre ferrailleur ; Stanley vivote grĂące aux petits travaux que lui donne un prĂȘtre. Sur les collines brĂ»lĂ©es par le soleil de Sicile, ces deux adolescents - l’un issu d’une famille qui survit grĂące aux ordures et l’autre venu de NigĂ©ria pour trouver un avenir meilleur en Europe -, mĂšnent une existence parallĂšle.

Dans Il mio corpo, le rĂ©alisateur Michele Pennetta oblige le spectateur Ă  un regard actif sur le film. Est-ce une fiction ou un documentaire ? Il brouille les cartes. Pour lui « dĂšs que l’on pose une camĂ©ra dans un environnement donnĂ©, on fait dĂ©jĂ  de la fiction, la frontiĂšre est poreuse ». Il prend le temps de suivre ses deux protagonistes qui incarnent leur propre rĂŽle, s’incruste dans la famille d’Oscar et auprĂšs des amis de Stanley, ne leur fait pas rejouer des scĂšnes tirĂ©es de leur quotidien, ne regarde le rĂ©sultat qu’au moment du dĂ©rushage.

Oscar et Stanley aspirent Ă  une vie meilleure mais semblent clouĂ©s au sol par la pauvretĂ©, leurs corps soumis au travail. Au spectateur encore de remplir les silences, non-dits, regards fermĂ©s. Que racontent-ils de leur passĂ© dĂ©jĂ  chargĂ© ? « Dans chacun de mes films, je m’intĂ©resse Ă  des personnages marginaux, invisibles aux yeux de la sociĂ©tĂ© », explique Michele Pennetta

Dans cette Italie oĂč les anciennes mines ont Ă©tĂ© transformĂ©es en dĂ©charges, la beautĂ© des paysages cĂŽtoie abruptement la misĂšre des personnages. Deux « rebuts de la sociĂ©tĂ© », qui sont pour l’Italie « comme ces objets que l’on jette », dĂ©crypte le rĂ©alisateur ; deux adolescents qui tentent pourtant de toute leur force de vie de s’extraire d’un cycle peut ĂȘtre immuable.

Marianne Langlet

Il mio corpo, un film de Michele Pennetta, 1 h 20. Sortie en salles ce 26 mai.