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Vous n’êtes pas sans connaître mes déboires face au logement (1), ce qui me permet de vous emmener sur le sujet tendu du relogement en Ile-de-France, le tout saupoudré d’expérience personnelle !

Voilà un an que je suis sous-locataire officieuse et cinq ans à attendre une proposition de logement social. Travaillant au relogement de personnes sans-abris, autant vous dire que j’ai une belle idée du parcours à franchir pour obtenir l’absolu ! J’ai donc sollicité mon employeur ainsi qu’Action Logement – l’ancien 1% patronal – via la plateforme Al’in.fr. Ici, votre employeur doit répartir un certain nombre de points aux salariés pour définir leur priorité chez Action Logement et... Vous aurais-je déjà perdus ? D’accord, je vais être magnanime et vous épargner la mécanique des dispositifs – surtout pour les collègues éducs que les procédures insupportent (2) – !

Donc, quelques mois après cette démarche et sans réponse, j’outrepasse mon éthique et me mets en lien avec l’unique contact professionnel dont je dispose chez Action Logement – plutôt dingue sachant qu’il s’agit de mon champ opérationnel –, qui jette un œil à mon dossier avant de m’indiquer que le numéro Siret renseigné n’est pas celui correspondant à mon employeur. Première nouvelle : après vérification, il s’agissait pourtant bien de celui figurant sur mes fiches de paie ! Mon contact – l’un de ceux à garder bien au chaud – effectue la modification pour ainsi valider la priorité que m’a reconnue mon employeur huit mois plus tôt ! Epaulée d’un Dalo (3) tout neuf, je « candidate » en ligne sur un nouveau logement qui correspond à mes besoins et, pour la première fois en un an, je vois ma demande être transmise à un bailleur.

Figurez-vous que je reste sans retour pendant trois longs mois. Je ne sais alors plus qui solliciter pour en savoir plus et me retrouve dans l’état exact des personnes que j’accompagne : déstabilisée face à l’opacité du système. Déjà que l’angoisse liée à une incapacité de projection est bien présente, je me retrouve, de surcroit, démunie. Pourtant, c’est mon boulot !
Enfin, entre le dépôt de ma candidature sur le logement et la réponse du bailleur – une attribution en ma faveur ! (4) –, il ne se déroule pas loin de six mois. Ajoutez à cela, que deux mois après l’attribution, et malgré mes relances, je n’ai toujours pas signé de bail et aucune date d’entrée n’est prévisible. Cela questionne donc la réactivité et le turn-over dans une région telle que l’Ile-de-France, plus que tendue sur cette problématique particulière.

Ici, les publics précaires vivent cette même attente, cette même lenteur du système, cette même opacité des dispositifs qui ne leur sont accessibles que par nos soins. Les politiques du logement se veulent transparentes, simplifiées et neutres sur les candidatures. Mon expérience démontre, bien au contraire, toute la complexité de ce système. Très attachée à mon éthique professionnelle, j’ai dû passer outre pour éviter la précarité. Tous n’ont pas cette chance et c’est déplorable.

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(1) Cf billet La légende du cordonnier publié le 23/02/2022 (2) Petit retour de manivelle sur les blagues Desigualesque ! (Tribulations d’une assistante sociale de rue - Desigual or not Desigual ? - 6 avril 2022) (3) Priorité obtenue dans le cadre du Droit au logement opposable, loi du 5 mars 2007

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