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🎭 THÉÂTRE ‱ Pardon ?



Un texte autobiographique de Laurent Martinez.
65 minutes.
Avec Laurent Martinez (Gabriel), Alexandra Massamiri (SƓur Blandine), Carmen Vadillo (Camille), Olivier Wendell-Douglas (Pùre François).


www.facebook.com/PardonLaurentMartinez

Pour toute reprĂ©sentation : laurent.martinez.comedien@gmail.com


La Commission indĂ©pendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) a dĂ©montrĂ© en fin d’annĂ©e derniĂšre l’ampleur des violences commises sur des enfants et adultes vulnĂ©rables Ă  partir de 1950, et mis en lumiĂšre la maniĂšre dont l’institution catholique avait traitĂ© — ou non — ces faits. Maintenant, comment en parler ?

Une vidĂ©o saisissante. Sur l’écran, une banane, un couteau. Sur fond de bruits de cour de rĂ©crĂ©, celui-ci Ă©pluche avec soin le fruit, sculpte deux yeux et une bouche souriante ; la pointe du couteau agrandit ensuite la bouche, la dĂ©forme, en fait un orifice hurlant, avant de dĂ©truire ce « visage ». Avec soin, une main remet le tout dans sa peau, la rĂ©ajuste, referme la banane. Comme si de rien n’était.


Douleurs enfouies

Sur scĂšne, deux couples : Camille et Gabriel se rencontrent, s’aiment, mais les blessures d’enfance de l’un vont bousculer, voire entraver l’amour ; en effet, Ă  cinquante-deux ans, les abus subis Ă  l’ñge de 8 ans l’ont «  dĂ©vastĂ©, anĂ©anti sans le savoir » ; parallĂšlement, en tandem, SƓur Blandine et PĂšre François vont questionner le positionnement de l’Église, sa lĂąchetĂ© et sa surditĂ© — ah, le « planning extrĂȘmement chargĂ©  » du prĂȘtre
 —, sa responsabilitĂ© dans la gestion de ces drames. Les deux femmes feront avancer la marche vers la vĂ©ritĂ©.


La dignité des négligés

« Redonner de l’humanitĂ© à un endroit où la douleur l’a gommĂ©e, libĂ©rer la parole pour combattre la surditĂ© collective qui se cache derriĂšre l’increvable cohĂ©sion de l’hypocrisie sociale  » : l’intention de l’auteur est limpide. Les chiffres abyssaux rĂ©vĂ©lĂ©s ces derniers mois par l’Église elle-mĂȘme ne permettent plus aucun silence. Avec, entre autres vecteurs, le thĂ©Ăątre vivant.


RĂ©silience et repentance

Que faire des pĂ©dophiles ? Le spectacle laisse entendre un « pĂ©dophile abstinent  » qui, une fois qu’il a pu s’exprimer via des groupes de parole, a compris l’extrĂȘme gravitĂ© de ses actes. Si la parole des victimes doit se faire entendre, celle des auteurs aussi. Et il en va de mĂȘme pour leur prise en charge respective. Ainsi, l’association L’Ange bleu, qui parraine la piĂšce Pardon ? a-t-elle mis en place un rĂ©seau d’écoute destinĂ© aux pĂ©dophiles, parallĂšlement Ă  l’aide qu’elle apporte aux victimes.


Théùtre et trauma

Écrite pour Ă©voquer la honte et l’impossibilitĂ© d’« en » parler, la piĂšce de thĂ©Ăątre s’est faite connaĂźtre au festival d’Avignon 2019. Depuis elle tourne ici et lĂ , avec une formule en triptyque : spectacle + dĂ©bat + rencontre avec les associations concernĂ©es (dont Jonas Écoute, ou David et Jonathan). Le 3 avril dernier, dans une Ă©glise (pleine) du 11Ăšme arrondissement parisien, elle a questionnĂ©, encore une fois, ces « abus de conscience et de pouvoir ».


Avenir et point d’interrogation

Pardonne-t-on Ă  son agresseur ? À l’Église ? À soi-mĂȘme ? La piĂšce va continuer son pĂ©riple cathartique (8 mai Ă  Montluçon, 5 septembre Ă  ChambĂ©ry, 7 septembre Ă  Albertville, 19 octobre Ă  Tours
), parfois dans des Ă©glises, symbolique forte — mais pas seulement. C’est de fait un thĂ©Ăątre de rencontre et de rĂ©silience. Sans point d’interrogation.

Joël Plantet


Extrait Ă©mission "C Politique"

C Politique 10 oct 2021 France 5.mp4 from Martinez Laurent on Vimeo.