Santé en prison : le mauvais plan

Quand début aout, Manuel Valls promet un plan « spécifique, concret, précis » et surtout « financé » pour lutter contre la surpopulation carcérale, ça rappelle le Plan d’actions stratégiques 2010-2014 relatif à la politique de santé des personnes placées sous main de justice. Or, récemment sorti, le rapport d’évaluation de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et de l’Inspection générale des services judiciaires (IGSJ) sur cette stratégie est édifiant.

Tout d’abord la connaissance de l’état de santé des détenus remonte… à 2001 pour le handicap et la dépendance, 2003 pour la santé générale et 2004 pour les troubles psychiatriques. La mission a de plus constaté le sous-effectif généralisé dans les unités de soins en milieu pénitentiaires. Soit par manque de budget, soit pour des difficultés de recrutement, les postes de spécialistes, dentistes comme psychiatres, restent vacants avec de grandes inégalités territoriales. L’absence de soignants se conjugue parfois avec l’absence de prise en charge des soins, les détenus désaffiliés à la CPAM au cours de leur détention ayant des difficultés de communication avec l’administration.
Bref, cette évaluation dresse un constat déplorable du système de santé carcérale. En conclusion, la mission recommande… un programme d’actions stratégiques. Copiloté par les ministères de la santé et de la justice, il devrait commencer par réaliser une étude de l’état de santé des détenus et garantir l’accès dans de bonne condition aux soins somatiques et psychiatriques. Et ce, après quatre ans de plan « stratégique ». Chapeau. Voilà les détenus bien avancés.
Rapport d’évaluation disponible ici

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