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Psychiatrie, action radicale et plan ministériel

Sept agents hospitaliers campent sur le toit de l’hôpital psychiatrique Pierre Janet du Havre depuis le 25 juin. « Les perchés » demandent la venue de la directrice de l’Agence régionale de santé de Normandie pour qu’elle constate sur place les conditions d’accueil des patients et de travail du personnel. Soutenus par une intersyndicale SUD, CGT, CFDT, ils mènent une grève reconductible afin d’obtenir la création de 50 postes, la suppression des lits supplémentaires provoquant de la sur-occupation, l’arrêt des fermetures des structures extérieures proches de la population. Ces revendications rejoignent celles des grévistes de la faim de l’hôpital psychiatrique du Rouvray. Début juin, ils avaient fini par obtenir 30 postes supplémentaires après 28 jours sans s’alimenter.

Halte à la suroccupation

Si mardi 3 juillet, le député France insoumise François Ruffin a participé à l’assemblée générale de l’hôpital psychiatrique du Havre, c’est bien que la question touche plus largement le traitement de la santé mentale en France. Partout le nombre de malades augmente, alors que les budgets restent constants. Le 28 juin 2018, Agnès Buzyn a dévoilé sa feuille de route sur ce sujet devant le 1er Comité stratégique de la santé mentale et de la psychiatrie (CSSMP). Le plan de la ministre des solidarités et de la santé part d’un constat : « La demande de soins est en augmentation constante notamment pour les troubles anxiodépressifs, les psycho-traumatismes, les troubles du comportement, les addictions. La prévention et les interventions précoces sont insuffisantes et les diagnostics trop tardifs. Les ruptures de parcours sont trop nombreuses et entraînent une détérioration des trajectoires de soins et de vie. De plus, la stigmatisation relative aux troubles psychiques est encore trop prononcée. »

37 mesures pour quel budget ?

« Pour porter une vision positive de la santé mentale et promouvoir une psychiatrie qui ne soit plus le parent pauvre de la médecine », la ministre propose 37 mesures déclinées autour de trois grands axes d’intervention : la prévention, l’accès au soin en formant les médecins généralistes, l’inclusion sociale des personnes en situation de handicap psychique. Instance composée de 29 experts du médicosocial, le Comité stratégique de la santé mentale et de la psychiatrie est chargé d’organiser une prise en charge sur-mesure. Si le ministère évalue le coût économique et social des troubles mentaux à 109 milliards d’euros par an, le budget alloué à la mise en place de sa nouvelle stratégie reste flou. Pas certain que ça suffise à rassurer les « perchés ».