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Protection de l’enfance : des assises mouvementées

« Je ne travaille pas directement dans la Protection de l’enfance mais je suis venu par solidarité, raconte Thierry Creis, infirmier psychiatrique dans un service pour adultes du CHU de Nantes. On voit débarquer des jeunes de 13 ans parce qu’il n’y a pas de place en pédopsychiatrie. On est obligés de les mettre à l’isolement pour les protéger. » Le syndicaliste de Sud est resté bloqué devant les portes de la Cité des congrès de Nantes, comme les quelque 200 travailleurs sociaux venus pour casser l’ambiance des 11èmes assises de la protection de l’enfance.

Neuf mois d’attente pour une prise en charge

Profitant de cette vitrine de la profession, ils ont témoigné des difficultés du suivi du public accueilli par l’Aide sociale à l’enfance en Loire Atlantique, des neuf mois d’attente pour la prise en charge d’un enfant jugé en danger, du non accueil des mineurs non accompagnés… Organisée les 28 et 29 juin 2018 à Nantes par le Journal des acteurs sociaux en collaboration avec le Conseil départemental, cette édition réunissait 2 000 professionnels autour du thème : « Dans la famille “jeprotègelenfant" je voudrais… Tous ceux qui répondent à ses besoins. »

Pour l’occasion, la CFDT, la CGT et le syndicat Sud ont constitué le collectif de la protection de l’enfance 44. Pour eux, la communication autour de l’événement cherche à masquer des manques à tous les niveaux : de travailleurs sociaux pour évaluer, d’éducateurs pour accompagner, de places en familles d’accueil, de lits dans les établissements médico-sociaux… Le collectif aurait dû s’exprimer en ouverture du colloque pendant 15 minutes, mais la délégation étant accompagnée de nombreux collègues en colère, l’allocution n’a pas eu lieu.

Les manifestants privés de Cité

Interdits de Cité, les acteurs de terrain ont commencé par perturber l’entrée des Assises. Après deux heures de négociations infructueuses, les CRS sont venus protéger le déroulement du colloque. Les manifestants ont donc raconté leur quotidien devant le centre des congrès. « J’en ai marre de dire aux enfants que je vais les protéger, quand je sais que je n’en ai pas les moyens », lance un éducateur venu d’Île-de-France. Ils ont scandé des slogans, fait un sit in, quatre d’entre eux ont brièvement été arrêtés, dont une mineure venue avec son père…

Pendant ce temps à l’intérieur, comme en témoigne Didier Dubasque sur son blog, les besoins fondamentaux de l’enfant étaient rappelés : physiologiques élémentaires, protection de toute forme de violence, possibilité de construire une relation affective sécurisée, de vivre des expériences « d’exploration du monde », d’avoir des règles et de limites en vue de contenir ses émotions et vivre en société, de s’inscrire dans une histoire narrative, d’être valorisé et d’avoir confiance. Le lendemain, la ministre de la santé et de la solidarité Agnès Buzyn a rappelé que ces fondamentaux devaient s’exercer dans un budget contraint.