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■ ACTU - Protection de l’enfance Toulouse : saisine de la Défenseure des droits

Battre le pavé comme le 11 janvier dernier ne semble plus suffisant pour les professionnels de l’action sociale départementale de Haute-Garonne. Le 14 janvier, l’intersyndicale (Sud, CGT, FO, CFDT, UNSA) a saisi la Défenseure des droits pour l’alerter sur la gravité de la situation de la protection de l’enfance. « C’est une première, affirme Marina Lergenmuller, éducatrice spécialisée de l’aide sociale à l’enfance (Ase), représentante du personnel du syndicat Sud. Nous en arrivons là parce que nous avons beau alerter l’exécutif - donc nos employeurs -, rien ne se passe. Or face à une situation critique, nous demandons un plan d’urgence de recrutement. »
Le 17 janvier, un appel à rassemblement devant l’Hôtel du département n’a pas mobilisé à la hauteur des espérances des syndicats. La réponse du département (PS) à leurs revendications reste inchangée : des difficultés à recruter accentuées par la crise du Covid.
De leur côté, épuisés par le sous-effectif, les agents lui reprochent un manque d’anticipation alors que la région toulousaine connait une démographie galopante. Par exemple, en théorie chaque éducateur de l’aide sociale à l’enfance assure un maximum de vingt-cinq suivis, en réalité c’est plutôt trente. Dans ces conditions, la moindre absence non remplacée engendre une dégradation considérable des conditions d’accompagnement. Déjà en 2019, l’ensemble des agents des Maisons de la solidarité du territoire avait exercé un droit de retrait, entrainant une semaine de fermeture. Cette mobilisation avait débouché sur des créations de postes. Sauf qu’en janvier 2022, ils ne sont pas tous pourvus alors que la crise sanitaire accentue les demandes sociales et les arrêts maladie se multiplient.


Personnels de l’action sociale départementale en grève pour un plan d’urgence pour des moyens à la hauteur de la demande sociale et de la protection de l’enfance - © Syndicat SUD

Conditions de travail dégradées

Bilan, d’après les syndicats, les conditions de travail dégradées touchent l’ensemble des services : aide sociale à l’enfance, assistantes de service social de secteur, protection maternelle et infantile, suivi des personnes âgées et handicapées et secrétariat. En concertation avec les agents, les syndicats ont choisi de mettre l’accent sur la protection de l’enfance car des enfants ne bénéficient plus d’accompagnement éducatif, d’autres attendent leur placement malgré la décision du juge et des informations préoccupantes ne sont pas évaluées. « Les collègues avaient à cœur par la saisine de la Défenseure des droits de signaler que les droits des mineurs et leur protection ne sont plus effectifs sur le département, explique la syndicaliste. Au-delà de vivre des conditions d’exercice déplorables, le fait de savoir qu’il y a des enfants potentiellement en danger chez eux, en tant que travailleur social c’est absolument insupportable. » Reste à voir si la Défenseure des droits partage cette analyse.

Myriam Léon