N° 1306 | Le 30 novembre 2021 | Critiques de livres (accès libre)

Prévenir les violences et les risques psychosociaux en travail social

Ludwig Maquet


Éd. Presses de l’EHESP, 2021, (168 p. - 20 €) | Commander ce livre

Thèmes : Violence, Pratique professionnelle

Comprendre et prévenir la violence

Il est des livres qui sont parfois décalés de l’actualité. La qualité de leur propos n’en souffre pas forcément, tant il est parfois important de se distancier des obsessions du moment. Il en est d’autres qui, surfant sur l’émotion populaire (pour ne pas dire populiste), se complaisent à renforcer les préjugés et les idées reçues. Et puis - mais cette catégorisation n’est bien sûr pas exhaustive - il en est d’autres qui articulent une préoccupation récurrente et une analyse permettant au lecteur de se sentir plus intelligent, en refermant la dernière page. C’est justement le cas de l’ouvrage de Ludwig Maquet. Et ce, pour au moins trois raisons (mais il y en a, là aussi, bien d’autres) : par son souci d’objectivation, par sa volonté de s’en prendre aux causes et pas seulement aux effets, par sa capacité enfin à ouvrir sur des perspectives. A chaque étape, l’auteur écarte toute grille d’analyse uni focale, au profit de la complexité des problématiques de violence. Et puis il y a ce plaisir non dissimulé de lire un autre travailleur social. Loin de s’enfermer dans le seul registre de savantes références universitaires, l’auteur a su articuler et combiner le savoir académique avec le savoir accumulé à partir de son expérience de terrain. Le lecteur mesure combien il sait de quoi il parle : ce qu’il écrit, il ne l’a pas seulement conceptualisé, il l’a aussi éprouvé et ressenti. Nulle intention ici de promouvoir une opposition stérile entre théorie et pratique, moi qui m’abreuve aux sciences humaines depuis si longtemps, avec tant de bonheur. Mais, à force d’être confronté à des «  sachants  » qui parlent sur nos professions, si souvent sans nous, saluons le travail intelligent de celui qui articule la conceptualisation et son vécu de terrain.

Jacques Trémintin


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