Œil et oreille

Inexorablement érodé par la mer, un village africain disparaît doucement. Seul un cimetière vieux de 300 ans fait encore — faiblement — barrage à l’effacement. Plutôt que de laisser l’océan emporter les tombes, les habitants préfèrent déterrer leurs morts. Les déménager. Mais exhumer, parfois ré-exhumer, jusqu’où ? Sur la plage, les hommes se mesurent en tirant sur une corde, boivent la goutte locale, le koutoukou, et vont jusqu’à estimer que «  Dieu nous dit qu’il n’existe plus  ».
Nous sommes sur l’île de (...)

On ne peut vivre tête baissée. La joyeuse combativité dont font preuve les protagonistes de cette histoire ouvrière — un peu à la manière d’un Ken Loach — en sont, tout au long de cette Reprise en main, une puissante illustration. «  Qui produit ? Comment on partage les richesses produites entre les salariés, les propriétaires et éventuellement les financiers qui chapeautent le tout ?  » interroge le réalisateur. Et comment, le cas échéant, racheter sa boîte ?
Les images sont tournées en Haute-Savoie : (...)

Truand ou autoentrepreneur ? Épaviste ferrailleur, Franck, homme du voyage sédentarisé, a la faiblesse d’accepter, sans facture, une livraison de fils de cuivre. De fait, la justice reconnaîtra un vol aggravé et, considéré comme complice, il doit 7 000  euros à la RATP. En outre, son camion est foutu. Meriem, sa femme, est enceinte, alors qu’ils ont déjà cinq gosses. D’avortement, il n’est pas question, bien trop religieux pour accepter un tel choix.
Donc, d’un côté, Franck et Meriem, dans une merde (...)

Pénélope est porteuse d’autisme et l’album photos que feuillette sa mère est déchirant au fur et à mesure des étapes, jusqu’à la majorité de la jeune fille : «  La caméra est un bouclier qui nous protège du regard des autres. C’est aussi l’arme qui me permet de résister  ». Elle filme tout : l’insouciance, le séisme du diagnostic, la guerre contre le handicap et la souffrance. Pénélope, à deux ans et demi, perd ses acquis ; une amie des parents souligne son hyperactivité. Et c’est le choc : la jolie petite fille (...)

Nouveau look pour Le Papotin, journal atypique, fondé par Driss El Kesri, éducateur spécialisé à hôpital de jour d’Antony (Hauts-de-Seine) en 1990 avec des jeunes autistes. Au sommaire, comme toujours, des entretiens avec des questions auxquelles ni les lecteurs ni les personnes interviewées ne s’attendent, posées avec franchise et poésie. Au comédien Denis Lavant, Adrien demande : «  Est-ce qu’il y a certains films qui te rendent casse-bonbons, qui te rendent un peu chèvre ?  » Raja, de son côté, (...)

« Je suis un pirate ! Je vous couvrirai d’or !  » En train de baratiner deux filles sceptiques dans un bar, Basile — dont le prénom vient du grec et signifie roi — est aussi imprévisible que flamboyant, aussi instable que, parfois, violent. Et pourtant, à sa sortie d’hospitalisation psychiatrique, réfugié chez sa sœur, il entend ne plus poser problème à la société, (re) devenir normal, quoi. Il dessine son rêve récurrent — un immense nuage noir envahit la ville —, prend son traitement (300 g., doublés à 600  (...)

« Le numéro d’écrou c’est votre nouvelle identité  », annonce un surveillant à Ben N’Kante, 17 ans. Après que la police soit venue le chercher au lycée, il est incarcéré dans le quartier pour mineurs de la prison de Fleury-Mérogis (Essonne). Convaincu de se trouver en cellule par erreur et de sortir bientôt, l’adolescent étudie au centre scolaire de la prison pour décrocher son bac, malgré le bruit incessant, les cris et les trafics en tous genres. Il a des visites au parloir, participe aux activités… reste (...)

ROSMERTA, cela ne s’invente pas, est la déesse gauloise de l’abondance et de la générosité. En une veille de Noël 2018 particulièrement glaciale, des habitants de la Cité des Papes, refusant la froideur des rejets du 115 — «   non, pas de place… Que vient-il faire à Avignon ?  » — investissent une école désaffectée appartenant au diocèse et créent l’association Rosmerta. Jeunes ou à la retraite, ils et elles sont entrepreneur, archéologue, profs, travailleurs sociaux, comédiens, psychologues, agriculteurs… (...)

Gaëlle préfère se faire appeler Geisha ; avec la sombre Léonie et l’imprévisible Eugénie, elles ont choisi, sur conseil de leurs thérapeutes, de réfléchir à leurs désordres, à leurs «  tracas  » sexuels. Pour les accompagner dans cette retraite de 26 jours, Sami, travailleur social — éducateur spécialisé, s’il vous plaît — pétri de bienveillance et d’empathie et Octavia, thérapeute sensible, impassible et sereine. Plutôt que de soigner — «  vous n’êtes pas malades  » —, il s’agit ici d’ausculter l’intime de (...)

« Sensibiliser au handicap, pas par le militantisme mais par l’humour et la bienveillance  ». Voilà l’ambition de Vivien Laplane. Objectif atteint pour le conférencier et humoriste, grâce à sa conférence-théatralisée Au secours, j’ai un collègue sourd. Lui-même sourd appareillé oralisant, ex-éducateur spécialisé dans un foyer d’accueil médicalisé, Vivien Laplane réussit à faire passer un message positif et pragmatique sur la surdité et l’accueil d’une personne handicapée en entreprise, sans mièvrerie, avec gaieté (...)

Depuis de nombreuses années, notre société connaît des faits divers liés à des violences policières dont les médias se font parfois l’écho. Un contrôle d’identité qui tourne mal, une interpellation musclée, un refus d’obtempérer qui vire au drame, un mauvais regard, un contrôle gratuit et humiliant… Les victimes rencontrent souvent des difficultés pour accéder à la justice, et n’ont pas toujours la possibilité de s’exprimer sur les violences subies que l’on peut qualifier de «  bavures policières  ». Leur parole (...)

Boléro à sequins, chemise à jabot, nœud papillon et pantalon pailleté, les artistes du Théâtre du Cristal se sont mis sur leur 31. Les micros ont été installés. En fond de scène, le POP (Petit orchestre de poche), composé d’un accordéon et d’une batterie, commence à faire monter l’ambiance. En cet après-midi de mars, les résidents de la maison d’accueil spécialisée (MAS) Les Hauts de la Jocassie à Jouy-le-Moutier (Val d’Oise), quelques proches ainsi que le personnel de l’établissement ont été conviés au bal (...)