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■ ACTU - Droits de l’enfant • Entendre leur parole

« Les enfants ont-il encore droit à la parole ? ». En cette journée internationale des droits de l’enfant, la Ligue des droits de l’homme s’interroge face « à une succession d’évènements récents, inhérents à la liberté d’expression des enfants et adolescents ». L’association questionne, notamment, la mise en garde à vue une journée entière sans leurs parents de trois enfants de 10 ans à Albertville interpellés pour « apologie du terrorisme ». Si la Ligue estime « qu’aucun propos d’élèves partiellement dangereux ne doit rester sans réponse », elle s’inquiète du « caractère disproportionné de la réaction » dans une lettre ouverte, envoyée ce 20 novembre, au Président de la République.

L’association revient également sur la rencontre qui a eu lieu à Poitiers, le 22 octobre, entre la secrétaire d’Etat chargée de la jeunesse, Sarah El Haïry, et 130 jeunes réunis par la fédération nationale des centres sociaux (FCSF). Chaque année, pendant plusieurs jours, la fédération organise des débats et rencontres de jeunes engagées dans des centres sociaux sur une thématique choisie en vue de construire ensemble, dans une démarche d’éducation populaire, des propositions. « L’objectif de cet évènement – le Réseau Jeunes – est de créer les conditions de leur expression, de leur engagement citoyen, en partant des sujets qu’ils souhaitent travailler », explique la fédération.

Cette année, les jeunes avaient choisi, plusieurs mois en amont, le thème des religions. La secrétaire d’Etat devait venir écouter les restitutions des travaux à la fin de ces rencontres qui se sont déroulées du 16 au 23 octobre. « Le dialogue a été très difficile », avance pudiquement la Fédération. La LDH déroule : « Confrontée à des propos ne correspondant ni à ses attentes ni à ses convictions personnelles, Sarah El Haïry a interrompu la discussions en demandant que soit chantée, à l’unisson, La Marseillaise ». Et ajoute : « Pédagogiquement, le procédé interroge et il n’est pas très étonnant que les jeunes se soient sentis dépossédés de leur liberté d’expression ». Dans la foulée, la Secrétaire d’Etat a engagé une mission d’inspection de la fédération des centres sociaux qui doit examiner les objectifs, les conditions d’organisation et d’encadrement du Réseau Jeunes mais aussi des conditions de fonctionnement de la FCSF. Si cette dernière se dit sereine, elle regrette que « nos méthodes d’éducation populaire, nos postures, le cadre et le contenu de cette rencontre soient clairement interrogés ». La Ligue des droits de l’homme met en garde : « la lutte contre l’endoctrinement de la jeunesse au service des obscurantismes les plus meurtriers ne peut pas passer uniquement par la répression ». Et juge que la mission éducative a besoin d’une confiance réciproque.

Dans son rapport annuel, consacré au droit de l’enfant, la Défenseure des droits, Claire Hedon et le tout juste nommé Défenseur des enfants, Eric Delemar pointent la même problématique. Le rapport intitulé Prendre en compte la parole de l’enfant : un droit pour l’enfant, un devoir pour l’adulte avance que « l’absence de prise en compte de la parole des enfant, en particulier des plus vulnérables, induit une réponse inadaptée ou tardive, et risque d’accroitre son mal-être et son sentiment de ne pas être écouté, cru ou soutenu ». Il avance dix-sept recommandations pour une meilleure prise en compte de cette parole trop déconsidérée.