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Justes images du travail social

C’est suffisamment rare pour être salué : en quelques semaines, deux films (français) extirpent le travail social de son invisibilité, et ce avec une certaine justesse, bénéficiant tous deux d’un côté grand public dû à la présence d’actrices et d’acteurs reconnus.

Adoption

« Les gens seront heureux de voir à quoi servent leurs impôts ! » s’exclame l’acteur Gilles Lellouche, qui endosse le rôle d’un assistant familial dans le film Pupille. En effet, là, une dizaine de personnes se mobilisent pour tracer au mieux le destin d’un bébé abandonné. Quelle réponse sociétale, et comment la montrer, à ces détresses ?

Réalité de terrain

Il s’agit en effet d’accouchement sous X. La jeune mère a deux mois pour revenir sur sa décision… ou pas. Pendant cette période éminemment délicate, ce temps suspendu, les services de l’aide sociale à l’enfance vont porter cet enfant, dénicher une mère adoptante, observer, échanger, élaborer une solution.

Délicatesse

Avec un savoir faire et un savoir être touchants, les travailleurs sociaux ne cesseront de parler au bébé, mais aussi d’échanger, de croiser leurs regards sur chaque candidat à l’adoption, de faire émerger un avenir possible pour un enfant né sous X. Cette force, cette pensée collective donne des fruits évidents. L’empathie, dans les entretiens parfois hautement sensibles, y est montrée de belle manière.

Hommages

« C’est un hommage à la République française, à ses travailleurs sociaux, ses éducateurs », affirme la réalisatrice Jeanne Herry, qui dit « aimer les métiers et les gens au travail ».
Autre film, Les Invisibles (critique dans Lien Social n° 1242, en date du 8 janvier 2019). Là, face au problème croissant du sans abrisme féminin, trois assistantes sociales se démènent…

L’image de l’AS

Après un travail d’investigation et d’immersion d’une année dans des centres d’accueil de différentes villes, le cinéaste, Louis-Julien Petit, est motivé par l’humanité des travailleuses sociales qu’il côtoie. Dans un contexte de pénurie de moyens, parfois d’administrations desséchées, ce travail devient une démarche de résistance pour trouver une solution.

Justesse et drôlerie

Tourné comme une fiction, avec parfois ressorts tragi-comiques, il s’agit bien là de transformation sociale, voire de résistance. Le film s’appuie à la fois sur la justesse de jeu de deux comédiennes archi reconnues – Corinne Masiero, Audrey Lamy – et sur la résilience des femmes accueillies qui, dans leur propre rôle, contribuent à la force de ces Invisibles. En ces temps de désespérance, tout cela est fortement roboratif.


À voir

  • Pupille, film de Jeanne Herry. 1h47. Avec Sandrine Kiberlain (Karine), Gilles Lellouche (Jean), Élodie Bouchez (Alice), Miou-Miou (Irène)…
    Sur les écrans depuis le 5 décembre 2018.
  • Les Invisibles, film de Louis-Julien Petit. Avec Audrey Lamy, Deborah Lukumuena, Noémie Lvovsky, Corinne Masiero.
    Sortie en salles le 9 janvier 2019.