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Hébergement : un bilan en demi-teinte selon la Cour des Comptes

Dans son rapport public annuel publié en février 2017, la Cour des comptes s’intéresse à l’hébergement des personnes sans domicile, six ans après avoir émis plusieurs recommandations. Bilan ? Une politique publique en demi-teinte, qui a montré « des résultats en progrès » mais demande « une stratégie à préciser ».

Les progrès de l’État…

Les sages de la rue Cambon notent des efforts budgétaires de la part de l’Etat concernant la capacité d’accueil et l’accompagnement. D’un point de vue quantitatif, dans les secteurs de l’hébergement d’urgence et du logement accompagné, le nombre de places ouvertes et financées par l’État est passé au total de près de 202 000 en 2011 à près de 328 000 en 2015. Le dispositif d’accueil des demandeurs d’asile lui, a connu une augmentation de 27% en quatre ans. Enfin, des expérimentations comme « Un chez soi d’abord » ou d’intermédiations locatives ont été activement soutenues par l’État.

Les conditions d’accueil des personnes accueillies ont également été améliorées grâce à un plan d’humanisation des centres d’hébergement, la création des SIAO, la continuité de la prise en charge et la mise en place de politiques de résorption des bidonvilles.

…fragilisés par le contexte économique et social

La crise économique qui dure et les flux migratoires importants rendent les besoins croissants, fragilisant la politique publique de l’hébergement. Un quart de la population se trouve aujourd’hui en situation de pauvreté monétaire et le nombre de demandeurs d’asile a progressé de 42%. L’offre d’hébergement et de logement reste donc insuffisante. La Cour des comptes évoque enfin l’échec de la réduction des nuitées d’hôtel qui pèse lourd sur le budget de l’hébergement, et pointe l’efficacité modérée de la recherche « dans l’urgence » de dispositifs d’accueil pour les migrants.

Ébauche de solution

La Cour des comptes insiste sur la nécessité d’un pilotage plus précis et d’une articulation mieux définie avec les autres politiques publiques. Elle prône une meilleure connaissance du public sans domicile pour une meilleure prise en charge et des dispositifs plus adaptés aux besoins. Concernant les finances, les crédits accordés à l’hébergement sont encore trop sous-évalués et les coûts réels de l’hébergement manquent de visibilité.
Tributaire des autres politiques publiques, la politique de l’hébergement doit être construite en prenant en compte le droit d’asile, la protection de l’enfance (jeunes majeurs et mineurs isolés étrangers) et les personnes en réinsertion après une incarcération.

Enfin, pour la Cour, la pression et l’urgence de l’hébergement ne doit pas pousser l’État à abandonner sa politique de « logement d’abord », qu’il doit au contraire renforcer pour sortir durablement les personnes de la précarité.

Pour consulter l’intégralité du Rapport Public Annuel de la Cour des Comptes