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Foyer d’Eysines : les travailleurs sociaux sanctionnés

Les sept agents du Centre départemental de l’enfance et de la famille (CDEF) d’Eysines qui avaient rendu publiques les conditions d’accueil des enfants et de travail des agents ont tous été sanctionnés, écopant les 18 et 19 octobre d’une exclusion de cinq jours à trois mois. Envoyée aux élus et à la presse en avril, leur lettre ouverte intitulée Les enfants sacrifiés de la République, s’alarmait de « situations de fugues quotidiennes, d’abus sexuels, de viols entre usagers, d’agressions physiques, de passages à l’acte violents entre enfants et sur le personnel ». Face à cette urgence, la hiérarchie a certes renforcé les équipes, mais aussi traduit sept des neufs signataires (deux ont quitté l’établissement) devant un conseil de discipline.

Climat d’intimidation

« À la CGT nous nous étonnons de voir deux agents beaucoup plus lourdement sanctionnés que les autres, déclare Patrice Coeymans, responsable de la commission action sociale CGT Gironde. Il est clair que la direction veut faire un exemple et punir les meneurs. » Directrice adjointe du CDEF, Barbara Proffit souligne de son côté le nombre restreint de signataires au vu des plus de 200 salariés du foyer d’accueil d’urgence. « Nous avons pu constater un climat d’intimidation dans l’établissement, déplore le syndicaliste. Plus de cinquante salariés ont témoigné de leur soutien, mais anonymement par peur de perdre leur emploi. Sept ont osé lever la tête, on a fait en sorte de leur faire baisser très rapidement. »

Recours gracieux

La situation dénoncée reste d’actualité. Les recrutements sont difficiles, le turn over est important, des remplaçants remplacent des remplaçants. « La direction n’a pas suffisamment tenu compte des dysfonctionnements graves signalés depuis plus d’un an, déplore Patrice Coyemans. La demande ne reposait pas uniquement sur un renfort de personnel, mais aussi sur une réorganisation des services. Nous sommes indignés qu’à notre époque des lanceurs d’alerte soit ainsi sanctionnés, alors qu’ils défendent des enfants placés sous la responsabilité de la protection de l’enfance. » La CGT va déposer un recours gracieux, et réclame dès à présent la levée des sanctions.