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Exil : Grande-Synthe, grande inconnue

Que va devenir la convention signée entre la l’État et la mairie de Grande-Synthe concernant la maintien du camp de La Linière jusqu’au 31 août 2017 ? Ouvert en mars 2016, le seul camp de réfugiés aux normes internationales de France a été ravagé à 80% par un incendie dans la nuit du 10 au 11 avril. Une semaine plus tard, la préfecture demandait sa destruction totale.

Né de la volonté du maire Damien Carême (Europe écologie les verts) contre l’avis du gouvernement, le camp a été construit et financé par Médecin sans frontières pour 3 millions d’euros. Le but était alors de résorber « le camp de la honte » où 2000 migrants survivaient dans la boue.

Une population à nouveau errante

Pensé pour être éphémère, le campement s’est d’abord progressivement vidé, jusqu’au démantèlement de « la jungle » de Calais. Avant l’accident, ses 300 cabanons de 6m2 accueillaient, selon l’association l’Auberge des migrants, environ 1500 personnes. Si la majorité d’entre elles a été dispatchée dans des centres d’accueil et d’orientation partout en France, quelques 300 irréductibles seraient restés dans l’espoir de parvenir à passer en Angleterre.

Les associations sillonnent la zone pour apporter nourriture, vêtements et couvertures à cette population à nouveau errante. Alors que la mairie comme les militants craignent la reformation de campements sauvages, mais personne ne se prononce sur la reconstruction.

Une convention caduque ?

Il faut dire que l’installation gérée par l’association de lutte contre l’exclusion Afeji a vite et mal vieillie. « Nous sommes intervenus en urgence pour pallier au manquement de l’État, précise Corinne Torre, chef de mission France de MSF. Ensuite, l’infrastructure a souffert de la sur-occupation et d’un manque de maintenance, de ressources humaines, de sécurité. Nous ne désirons pas la reconstruire, nous préférerions voir les pouvoirs publics en France, mais surtout au niveau de l’Europe, adopter des politiques d’accueil et de mise à l’abri des migrants.

Actuellement, on se contente de gérer l’urgence, sans anticiper. Néanmoins, s’il y a une crise sanitaire relevant de notre savoir faire d’urgentistes, nous interviendrons auprès des associations et des migrants. » Reste à savoir si l’accord avec l’État, et les financements inhérents, sont désormais caducs.