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Dépendance : un mouvement de grève historique demain

Des années de promesses non tenues aboutissent ce mardi 30 janvier à une mobilisation historique dans le secteur de l’accompagnement des personnes âgées. L’appel à une grève nationale rassemble l’ensemble des syndicats de salariés des maisons de retraite et de l’aide à domicile, les associations de directeurs, les retraités et les familles. Tous s’accordent pour dénoncer une maltraitance d’État envers les aînés.

L’annonce de la ministre de la santé d’une rallonge de 50 millions d’euros aux 100 millions déjà prévus au budget pour les Ehpad ne suffit pas à les apaiser. « En 2017, l’État a puisé 100 millions d’euros dans la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, il en restitue la moitié, dénonce Pascal Champvert, président de l’association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA). Le chef de l’État et Agnès Buzyn refusent de nous rencontrer. Le gouvernement a mis en place une réforme qui va diminuer le nombre de personnels auprès des personnes âgées et refuse une augmentation pour les aides à domicile. Cette attitude démontre qu’il ne prend pas la mesure de cet enjeu majeur qui touche le social, l’économie et l’éthique. Il est en dehors du réel ».

6 minutes auprès des résidents

En formation, les aides-soignantes apprennent à faire des toilettes en 40 minutes. En Ehpad, cela dure 6 minutes maximum. « On nous enseigne les clés pour accompagner au mieux les personnes âgées, mais sur le terrain on ne trouve pas la porte, explique Sandrine Ossart, aide-soignante et assistante en gérontologie dans un Ehpad de Nantes, déléguée syndicale CGT. Théoriquement nous devrions être deux professionnels pour quatorze personnes, mais nous sommes seules. Le soir aussi, pour 24 résidents : ce n’est plus du coucher mais du jeter de grand-mère. Et quand nous dénonçons ces maltraitances, nous encourons des sanctions disciplinaires ».

Un soignant par résident

La revendication première de ce mouvement de protestation est l’application du « plan solidarité grand âge » qui promettait un agent par lit à l’horizon 2012.
« Dès l’été dernier, nous avons été contactés par des associations de directeurs, raconte Julie Massieu, neuropsychologue en Ehpad dans le Finistère, déléguée syndicale CGT. Jusqu’à présent, les bas salaires étaient impactés par les restrictions budgétaires, aujourd’hui les cadres sont également pris à la gorge. Les personnes entrant en Ehpad sont de plus en plus nombreuses, de plus en plus malades, ce qui nécessite un accompagnement médicalisé et du personnel supplémentaires. Or les établissements ne parviennent plus à recruter des aides-soignantes ». En raison de la surcharge de travail, les arrêts maladies et les accidents du travail se multiplient, ce qui accentue le sous-effectif. Face à cet enjeu de société, le secteur ne se contera pas de miettes et prépare déjà la suite du mouvement.