L’Actualité de Lien Social RSS


BIDONVILLES • Boue, béton, tranchée, pour politiques municipales

De la boue, déversée le long des bâches qui abritent un campement Rroms. C’est l’initiative qu’a prise, jeudi 16 avril, le maire d’Haubourdin, Bernard Delaby, divers droites pour faire partir les familles Rroms.
Un acte « inadmissible » juge Laurent El Ghozi, cofondateur du collectif national droits de l’homme Romeurope. Le collectif prévoit avec d’autres associations de saisir la justice. Laurent El Ghozi pointe la responsabilité des pouvoirs publics : « laisser vivre les gens dans des conditions indignes autorise tous les traitements indignes. » Le petit camp abrite quelques célibataires et cinq familles, dont les enfants sont tous scolarisés, précise le collectif de citoyens qui les soutient. « Lorsque je suis arrivée sur place, deux bennes de boue avaient été déversées à côté du camp », témoigne Caroline Prouteau du collectif citoyen loossois. « Nous avons empêché qu’ils déversent un troisième camion ; sans notre intervention ils auraient sans doute continué », ajoute-t-elle. Une méthode qui, malheureusement, est loin d’être exceptionnelle. « Il devient de plus en plus fréquent d’utiliser ces techniques d’ensevelissement », dénonce Pierre Tourbier, responsable régional d’Amnesty international et coordinateur d’un site sur la situation des Rroms dans la région.
« De la terre a été déversée par la communauté urbaine sur le campement de Loos, sur le parking de l’ancienne prison, pour empêcher d’autres familles de s’installer », témoigne Pierre Tourbier. En décembre 2014, dans la même région de Lille, à Hellemmes, un mur de terre et de plots avait barré l’entrée du bidonville, installé chemin Napoléon, empêchant tout passage de véhicules, même de poussettes. Dans la banlieue de Lyon, à Saint-Priest, autour d’un campement de familles Rroms, c’est une tranchée profonde de deux mètres qui a été creusée par la métropole en novembre dernier et l’accès bloqué par des blocs de béton, provoquant une réaction de « honte et d’horreur » de la ligue des droits de l’Homme de Villeurbanne. Plus récemment, ce 16 avril, trois gros blocs de béton ont été placés à l’entrée du camp Truillot à Ivry-sur-Seine pour empêcher le passage des véhicules chargés de métaux qui alimentent l’activité des ferrailleurs. Une décision étonnante alors que le collectif citoyen qui intervient dans le campement avait joué les médiateurs et permis, depuis une semaine, l’arrêt des fumées incommodant les riverains. La mise en place des plots n’a évidemment rien réglé et envenimé la situation : les camions de ferraille sont désormais garés sur la route et gênent la circulation. Dans le terrain, l’ambiance est à la discorde, les uns reprochant aux autres d’avoir provoqué, par leur activité, l’installation des plots… Dans une charte, s’appuyant sur les textes de loi en vigueur, pour le respect des droits et la dignité des occupants de terrain.
Romeurope rappelle que « Nul ne peut faire l’objet de menaces ou de contrainte de la part du propriétaire, des forces de l’ordre ou de toute personnes afin de lui faire quitter illégalement son habitation de fortune (…). Dans le cas contraire, l’auteur de ces faits est passible de sanctions judiciaires. »