L’Actualité de Lien Social RSS


À Caen, l’hébergement d’urgence menacé

Le 24 avril, les syndicats CGT, SUD, CFDT, ainsi que les salariés du service Trait d’Union de l’Association calvadosienne pour la sauvegarde de l’enfant à l’adulte (ACSEA), ont protesté contre la disparition des 64 places d’hébergement d’urgence du foyer la Charité et la suppression des maraudes de nuit.

Baisse drastique du prix de journée

« Dès le mois de mars, la Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS) nous a annoncé une évolution de nos missions vers la prise en charge des familles de demandeurs d’asile, explique Dominique Roche, directrice générale de l’ACSEA. Puis une réduction de 14% de notre budget nous a été signifiée, passant de 530 000 à 400 000 euros, avec l’injonction de supprimer la permanence de nuit et l’intervention sociale de rue. » L’orientation vers l’accueil des réfugiés s’accompagne d’une baisse drastique du prix de journée, passant de 44 euros par personne… à 16 euros.

Démontrer la pertinence de l’action

Ces coupes budgétaires demandées par l’État surviennent alors qu’à la demande de la préfecture, l’association caennaise venait de reprendre la gestion d’un autre centre d’hébergement d’urgence, le Cap Horn, et de recruter seize personnes. « Nous devions transférer les 64 places de la Charité dans de nouveaux locaux pour un accueil plus digne, précise la directrice. Nous étions en pleine réflexion sur la construction d’un accompagnement global sur la base d’un dispositif de 124 places dédiés aux adultes isolés à la rue. Avec ces nouvelles directives, 11 postes de travailleurs sociaux sont menacés ».

Le 2 mai, Dominique Roche, accompagnée des chefs de service du Cap Horn et de la Charité, et de deux éducateurs, l’un travaillant à la maraude, l’autre en foyer d’urgence, ont rencontré les services de l’État. Il en ressort la nécessité pour l’ACSEA de démontrer la pertinence de ses interventions, qui permettent de mettre en réseau les partenaires sociaux et médicaux, de dresser un inventaire des publics touchés, de repérer les difficultés et de proposer une réorganisation dans l’objectif de faire des économies.

Délégation inquiétante des missions

« Nous allons prendre le temps d’articuler une réponse et de présenter l’impact de nos actions auprès du préfet, explique Dominique Roche. Je garde l’espoir au stade où nous en sommes de trouver un terrain d’entente, mais il est inquiétant pour nos établissements de voir la tendance à déléguer à des ONG nos missions de service public. Une étude du collectif les Morts de la rue montre deux pics de mortalité chez les sans-abris, en juillet et en octobre. L’été, les bénévoles partent en vacances, et en octobre, il y a les retombés de cette période de sous-alimentation. »

Avec un prix de journée abaissé à seize euros, impossible de proposer un accompagnement professionnel. Contactée par Lien Social, la Directrice de la DDCS du Calvados, Marie-Dominique Thiébaut-Rousson, botte en touche par mail, estimant qu’un entretien « n’est pas opportun ». Dans un communiqué de presse, elle dénonçait un mouvement qui avait rendu « impossible l’utilisation de plus de 120 places d’hébergement pour les personnes sans domicile durant la nuit du 24 au 25 avril ». Et pour toutes les autres nuits ?