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Le 31 janvier, je vous racontais l’histoire de Pedro*, un petit gamin qui avait peu de centres d’intérêt. Ma rencontre avec lui datait, à ce moment-là, de plusieurs années. Depuis il a grandi ‒ c’était à prévoir ! Comme il est encore passionné d’Histoire, ses éducateurs se sont réunis pour lui chercher un lieu où il pourrait apprendre. Ben, ce n’est pas si simple le travail d’équipe, y’en a toujours pour critiquer et remettre en question les collègues qui fouinent, remuent ciel et terre pour chercher des solutions et trouver in extremis un financement pour que le gosse rejoigne l’université inter-âge. Mais enfin ça va l’enfermer dans ses intérêts restreints ! C’est le retour de boomerang qui est tombé sur l’équipe lors d’une réunion. Si on nous avait demandés de faire des études d’ingénieur quand on voulait être éduc, ça nous aurait bien gonflés, non ? Soutenir le désir de l’autre c’est un minimum me semble-t-il ! Y’en a tellement qui ne savent pas trop quoi faire de leur vie. Quand on a un môme animé d’un désir sous la main, c’est le bonheur non ? En tout cas, moi, ça me donne toujours la pêche d’accompagner quelqu’un qui sait où il veut aller. Quand trop de portes se ferment devant des gosses cabossés par la vie, c’est le top de dénicher les clefs pour qu’ils aillent voir de l’autre côté ce qu’il se passe. La curiosité et l’appétence ne sont pas données à tout le monde. C’est tellement bon de se sentir entendu quand les perspectives d’avenir sont rétrécies ou riment avec l’AAH à 971 euros/mois quand d’autres, au même âge, rentrent en fac. Ce n’est pas parce qu’on est programmé pour toucher une allocation à vie qu’on n’a pas droit au sésame qui entrouvre un passage vers la connaissance. C’est plutôt une bonne idée qu’un soupçon d’autonomie côtoie cette satané dépendance qui colle à la peau de tant de personnes dites déficientes. Ça leur donne sans doute le même sentiment de liberté ‒ que tout un chacun ressent quand il claque la porte de la maison familiale à 18 ans ‒ voire cette agréable impression d’agir un tout petit peu sur le monde et de se sentir la force d’arpenter l’Himalaya ou de traverser la manche à la nage. Enfin quelque chose dans le genre comme pouvoir, enfin, voler de ses propres ailes. Le désir d’apprendre ! Sacrée chance de pouvoir le choper à tout âge de la vie et bravo à Pedro qui a su harponner l’attention de quelques personnes qui l’accompagnent aujourd’hui là où son désir l’aiguille depuis sa préadolescence.

*► C’est quoi le problème ? Par Mélodie • Peu de centres d’intérêt - 31 janvier 2023