L’Actualité de Lien Social RSS


■ ACTU - Un chez soi d’abord jeunes

Après une expérimentation qui a démontré sa pertinence en terme d’accompagnement et de dépenses publiques, le dispositif Un chez-soi d’abord se décline dans une version dédiée au 18-21 ans. Actuellement, cette adaptation concerne 50 jeunes à Lille et 50 à Toulouse. L’expérimentation entamée fin 2020 vient d’être prolongé d’un an et va donc se poursuivre jusqu’en fin 2024.



Cent jeunes âgés de 18 à 21 ans sont actuellement suivis dans le cadre du Un chez soi d’abord jeunes.©Thomas Baron
Assez proches de ceux du Un chez soi généraliste, les critères d’entrée combinent des symptôme dans le champ de la psychose (même s’ils sont trop jeunes pour figer un diagnostic), une situation de rue ou à fort risque d’y arriver et des besoins d’accompagnements élevés. Dès lors, un appartement est proposé et une équipe pluriprofessionnelle (psychiatres, infirmiers, travailleurs sociaux, médiateurs en santé pair) entame un accompagnement renforcé, à raison de deux visites à domicile par semaine.

L’expérimentation menée à Lille et à Toulouse révèle que les jeunes à la rue ou en risque de rue ont tous vécus au moins un traumatisme de l’enfance. ©Thomas Baron
« Tous ces jeunes ont des expériences traumatiques de l’enfance (ndlr : maltraitance, agression sexuelle, parents toxicomane…) et quasiment 70% en cumulent quatre, ce qui justifie une intervention précoce, détaille Pascale Estécahandy, coordinatrice nationale du Un chez d’abord à la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement. Nous savons que ces parcours ont des impacts à la fois sur la santé psychique et somatique, sur le lien social et même sur l’espérance de vie. L’idée est donc de voir ce qu’on peut mettre en place de spécifique pour ce public afin d’éviter de rester dans une carrière de rue, d’addiction ou de maladie psychique chronique. Si on traite tôt le psycho-traumatisme, on se dit qu’il y a des chances d’en sortir par le haut. »

Intervention précoce

Pour offrir un accompagnement renforcé à cette population, le Un chez soi d’abord jeune met en place un ratio d’accompagnateur de un pour six, contre un pour dix dans la version classique. L’équipe s’engage sur un suivi de trois ans renouvelable une fois, avec un budget de 22000 euros par jeune et par an (7000 pour le logement, 15000 pour l’accompagnement).
Les premières observations sont globalement positives au niveau du maintien dans le logement, de la stabilisation ou de l’augmentation des ressources, d’accès à la formation, voire à l’emploi.



L’évaluation de juin devrait permettre d’ajuster le programme si le gouvernement décide de le pérenniser. ©Thomas Baron
« S’ils ont en commun l’expérience traumatique de l’enfance, quatre profils émergent de la recherche, constate la coordinatrice nationale. Les jeunes qui ont été placés, ceux restés dans des familles assez délétères, ceux déjà inscrit dans un parcours de psychiatrie et ceux dans un parcours de précarité sociale. Tous n’évoluent pas de la même manière en fonction de la catégorie de problématiques. La question pour nous est de voir où nous sommes le plus efficace, à quel âge faut-il intervenir ? Pour certains ça serait sans doute plus efficace à 16 ans, parce qu’une fois que ces jeunes arrivent en incarcération ça devient très compliqué. A ce stade, rien n’est tranché, mais les deux équipes témoignent que plus on s’y prend tôt mieux c’est. » Une première évaluation devrait permettre dès le mois de juin d’envisager une suite. Le gouvernement devra décider cet été de la pérennisation, de l’adaptation et du financement du programme.

Myriam Léon


À lire aussi dans Lien Social le n°1243 : Logement d’abord • De bonnes intentions, sans financement et dans le n°1107 : Un chez soi d’abord, l’expérience marseillaise