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■ ACTU - Protection de l’enfance • Vacances méritées

Pour permettre aux enfants de partir en vacances après une période de confinement difficile, les équipes de protection de l’enfance ont anticipé : organisation de transferts et appel à des agences de voyages sociales.

Ouf ! Depuis le 2 juin, les centres de vacances et les hébergements collectifs rouvrent en zone verte ; les enfants et les jeunes de tout le territoire pourront partir en colonies de vacances à partir du 22 juin. Mais tout cela, les professionnels de la protection de l’enfance l’ignoraient avant le déconfinement. Ils ont dû réfléchir en amont à un mode de vacances permettant aux mineurs confiés de changer d’horizon durant l’été.
Le groupe Capso (1) qui gère vingt-huit établissements et services de protection de l’enfance en Auvergne-Rhône-Alpes, accueille six cents jeunes et emploie quatre cents professionnels, a pour sa part, choisi d’organiser des transferts. «  Nous avons négocié un accord d’entreprise temporaire en adaptant la durée des séjours et le ratio d’encadrement : deux professionnels pour sept mineurs », explique Nicolas Hermouet, le directeur général. L’association a loué des locaux (centres de vacances fermés, gites) dans un rayon de deux cents kilomètres pour faciliter les déplacements des enfants bénéficiant des droits de visite et d’hébergement, la logistique mais aussi la rotation des équipes tous les sept jours. « Nous tenons compte du besoin de vacances et de repos des professionnels, très mobilisés durant la crise sanitaire. » Capso a loué des locaux suffisamment vastes pour permettre des activités à l’intérieur en cas de pluie avec respect de la distanciation sociale. Les enfants pourront changer de lieu de vacances plusieurs fois durant l’été.
Les conseils départementaux, les directions territoriales de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (DTPJJ) du Rhône et de la Loire, la métropole du Grand Lyon lui apportent leur soutien en prenant en charge une partie des surcoûts liés à la crise sanitaire et à ses impacts.
Durant l’été, Capso maintiendra aussi des astreintes éducatives dans des maisons d’enfants à caractère social (Mecs) pour l’accueil éventuel de jeunes touchés par le Covid-19 durant les séjours. Sur les lieux de vacances, en sus des distanciations sociales, des masques obligatoires pour les professionnels, la température des enfants et des adultes sera prise chaque jour. En cas de suspicion, le mineur sera rapatrié dans une mecs et testé ; s’il est négatif, il rejoindra ses camarades.

Éviter les exclusions

Dès janvier, Capso a tenté d’anticiper l’organisation de séjours avec des organismes spécialisés qui, faute de visibilité sur le déconfinement, ne pouvaient pas lui certifier l’accueil des mineurs durant l’été. « Des grands opérateurs nous ont sollicités afin que nous les inscrivions quand même, sans visibilité mais avec un paiement d’arrhes, ce que nous avons refusé », dénonce Nicolas Hermouet. «  Nous avons reçu une vingtaine d’alertes de structures sociales, démarchées par ce type d’opérateurs proposant des promotions et leur demandant une réponse rapide pour leur garantir une place », confirme Laid Hamoudi, directeur général de Up’ Séjours (2), une agence de voyage associative dédiée aux enfants, adolescents et jeunes relevant de l’Aide sociale à l’enfance. Caspo lui a confié le séjour d’une trentaine d’adolescents en difficulté dans le cadre de leur parcours personnalisé. Up’ Séjours sert en effet d’interface entre les professionnels de la protection de l’enfance et les associations qui organisent des séjours de vacances - plutôt issues de l’éducation populaire. Elle propose des parcours individualisés, assure une astreinte 24 h sur 24, 7 J / 7 pour accompagner les jeunes et les animateurs en difficulté. « Cela nous évitera les appels d’organismes de séjours nous demandant de venir chercher un jeune en urgence à cause de troubles du comportement, ce qui arrive de plus en plus fréquemment depuis quelques années et place le jeune en échec  », conclut Nicolas Hermouet.

Encadrer les jeunes en difficulté

« De plus en plus d’organismes de type agences de voyages / opérateurs privés doublent l’inscription d’un enfant relevant de la protection de l’enfance. Ils partent de l’hypothèse qu’il pourra être exclu dès la première semaine et qu’il convient de ʺvendreʺ sa place à un autre », dénonce Laid Hamoudi. Une étude réalisée par Up’ Séjours confirme l’augmentation des exclusions de jeunes confiés à la protection de l’enfance des colonies de vacances (voir cartographie ci-dessous). « Des exclusions parfois justifiées mais que leurs éducateurs référents doivent gérer dans les 48 heures et ce sans avoir reçu d’alerte avant ni de rapport d’incidents. »
Pour prévenir les problèmes et éviter les expulsions, l’association suit les jeunes qu’elle inscrit dans un séjour pour régler les difficultés au jour le jour.

Voir cartographie rapatriements

(1) https://www.adaear.org/
(2 )https://www.upsejours.social/

À lire sur Lien Social n° 1245 : Colonies de vacances. Un idéal à sécuriser


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