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■ ACTU - Mobilisation pour aider les élèves sans toit

En cette période de rentrée des classes, des associations créent un « réseau national pour aider les élèves sans toit », dont le nombre ne cesse d’augmenter.
« Ce sont des enfants qui dorment dans la rue, dans des cabanes, dans le froid et l’humidité, et qui arrivent en classe épuisés », rapporte Anne-Sophie Huchard, membre du collectif lyonnais Jamais sans toit, qui se mobilise depuis 2014 pour aider les familles concernées. Pour étendre cette action, un réseau national a été lancé le 30 août avec la fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE), le collectif des associations unies (CAU), et Jamais sans toit.



Les demandes d’hébergement non-satisfaites concernant des enfants ont doublé en six mois, 1 658 enfants étaient sans solution d’hébergement avant la rentrée scolaire. ©Jamais sans toit

Doté d’un site internet*, ce réseau vise à soutenir et coordonner les mobilisations locales portées par des enseignants, parents, syndicats, leur apporter des informations et coordonnées utiles, et l’appui d’associations nationales telles que la Fondation Abbé Pierre et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS). « Par la création de ce réseau, les parents d’élèves veulent se mobiliser et interpeller les pouvoirs publics sur la situation de ces enfants, indique Carla Dugault, présidente de la FCPE. Nous leur proposerons des outils et des formations pour pouvoir intervenir et accompagner des familles ».

Occupations d’écoles

Le guide pratique « Toitoriel » les aide à identifier une situation dans une école, à orienter la famille dans les démarches d’accès aux droits, à monter un collectif de soutien, interpeller les élus locaux et médiatiser l’affaire. « La première action est d’organiser une vente de gâteaux à la sortie de l’école pour sensibiliser les parents et récolter des fonds pour financer des nuits d’hôtel, explique Anne-Sophie Huchard. Si les courriers aux élus locaux et à la Préfecture ne suffisent pas, on peut occuper l’école après 18H, on partage le repas du soir et une personne du collectif se relaie pour rester dormir avec les familles dans le gymnase de l’école. C’est efficace, après deux ou trois semaines d’occupation on obtient une place d’hébergement ».

Une situation qui s’aggrave

Depuis 2014 le collectif lyonnais a mis à l’abri 480 enfants et organisé 106 occupations d’écoles. En une seule année, il a financé des nuits d’hôtel à hauteur de 35 000€ et mis à l’abri 307 enfants. Si la problématique n’est pas nouvelle, les associations s’inquiètent d’une dégradation de la situation. « Selon les chiffres des appels au 115, les demandes d’hébergement non-satisfaites concernant des enfants ont doublé en six mois, passant de 850 le 31 janvier à 1650 le 22 août. C’est un chiffre à minima, car beaucoup de familles n’appellent plus », souligne Nathalie Latour, directrice générale de la FAS. Les associations estiment à 50 000 le nombre d’enfants vivant en hébergement, dans des abris de fortune ou à la rue.



Petit déjeuner au Lieu Accueil Parent de l’école Michel Servet (Lyon 1er) novembre 2019. ©Jamais sans toit

Elles déplorent la décision du gouvernement de fermer prochainement 10 000 places d’hébergement dans ce contexte tendu, et craignent un relâchement des efforts faits pendant le Covid. « On a vu cet été que les expulsions locatives ont retrouvé leur niveau d’avant Covid ; à Toulouse une centaine de MNA auparavant hébergés par le CCAS ont été remis à la rue ; à Lille trois évacuations de bidonvilles ont jeté dans l’errance des centaines de familles », rapporte Manuel Domergue, de la fondation Abbé Pierre. Les associations demandent des hébergements adaptés aux familles, et un assouplissement du droit au séjour pour leur permettre un accès au logement social.
Mariette Kammerer
* https://www.eleves-sans-toit.fr/

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