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■ ACTU - Les « jeunes aidants », nombreux, fatigués et invisibles

700 000 jeunes entre 16 et 25 ans accompagnent au quotidien un proche dépendant. Publiée fin septembre, une étude du Crédoc montre les effets néfastes de cette situation sur leur vie et leur santé et déplore l’absence de réponse à leurs besoins spécifiques.

La figure type de l’aidant est plutôt une aidante de plus de 50 ans, or menée auprès de 2900 jeunes aidants, l’étude « aidance des jeunes de 16 à 25 ans » (1) révèle que 13% de cette classe d’âge assiste régulièrement un parent, un frère ou une soeur, un conjoint. Alors qu’ils entament la construction de leur vie d’adulte, cette responsabilité influe sur leur présent, mais aussi sur leur avenir.



La charge de l’aide d’un proche dégrade la capacité des jeunes à mener des études, impact leur vie professionnelle et empiète sur leurs relations sociales. ©Pixabay

Plus de la moitié d’entre eux sont aidant principal, un quart dispense cette aide au quotidien. Pour 30%, cette charge ne reçoit pas l’appui d’une aide médicosociale extérieure. Ils aident leur proche pour les tâches ménagères, les soins à la personne, apportent un soutien moral et une aide à la mobilité. La personne aidée est touchée par une perte d’autonomie (60%), un handicap physique (50%), psychique (38%), ou des problèmes d’addiction (31%).

13% des 16-25 ans

Cette fonction de jeune aidant a un impact sur leur santé : ils sont plus fatigués physiquement et moralement, et un tiers estime que cette situation a un effet négatif sur leur vie sociale et affective. Sur le plan des études ou du travail, elle engendre du décrochage et les trois-quarts d’entre eux ont dû adapter leur situation de travail, souligne l’étude. Il en résulte qu’un tiers des répondants « craque » régulièrement et près d’un quart se dit débordé et perdu par rapport à cette situation.

En dépit de leur nombre, « ces jeunes aidants demeurent souvent invisibles, du fait qu’ils n’osent pas toujours demander de l’aide », note Morgane Hiron, déléguée générale du collectif Je t’aide. « Dans le cas de troubles psychiatriques, les jeunes préfèrent ne rien dire pour ne pas être stigmatisés, observe Jeanne Richard, présidente de l’Unafam, ils visent la normalité, donc personne ne les identifie et ne les prend en compte. »

Manque de mesures dédiées

De fait, ce public passe sous les radars de l’action publique. Il n’existe pas de mesure dédiée à cette tranche d’âge, hormis un accès facilité aux bourses d’étude. « Les solutions doivent être portées par tous les acteurs, les professionnels de santé, l’éducation nationale, les employeurs, estime Morgane Hiron, les jeunes aidants ont besoin de soutien, de répit, de services d’aide plus accessibles, et ont un fort besoin de partage entre pairs. »

Quelques initiatives sont prises par des associations. Par exemple, l’association JADE organise des séjours de répit entre jeunes aidants autour d’un média artistique et vient d’ouvrir la plateforme d’échanges « LinkAidants ». Le réseau de jeunes aidants La pause brindille, l’association spécialisée dans les séjours adaptés l‘Envol proposent aussi du répit, des activités, des lignes d’écoute. « Mais ces initiatives restent marginales », estime Morgane Hiron.

Mariette Kammerer

(1) https://www.credoc.fr/publications/aidance-des-jeunes-de-16-a-25-ans-macif-credoc-synthese


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