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■ ACTU - Handicap. Tous mobilisés

La 5ème Conférence nationale du handicap (CNH) a livré un programme que les associations jugent ambitieux mais incomplet et un peu flou sur les financements.

Le 11 février, la Loi Handicap (1) soufflait ses quinze bougies sous les dorures de l’Élysée, en présence d’une dizaine de ministres, de quatre cents invités (personnes handicapées, associations, départements, entreprises, etc.). Le bilan ? « Beaucoup a été fait. Mais beaucoup reste encore à faire pour construire une Nation qui s’enrichit de ses différences et permet à chacune et à chacun de choisir sa vie », a reconnu le Président de la République. Des avancées : le droit de vote accordé aux majeurs sous tutelle, des droits à vie pour les personnes porteuses d’un handicap irréversible, l’augmentation de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) de 90 euros par mois (elle reste cependant sous le seuil de pauvreté). Une promesse : l’AAH ne sera ni supprimée, ni diluée dans le revenu universel d’activité (Rua), comme le craignaient quatre associations qui ont claqué la porte de la concertation sur le Rua le 4 février. Une fronde associative a d’ailleurs précédé la CNH avec notamment les attentes fortes du jeune Collectif Handicaps. Aujourd’hui, Luc Gateau, président de l’Unapei, reconnait une CNH au « discours extrêmement mobilisateur annonçant un certain nombre d’avancées, même si très vite se pose la question des moyens et des modalités d’action. »

Tous scolarisés

À la rentrée prochaine, « zéro enfant sans solution de scolarisation » grâce au recrutement de 11 500 accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH), une revalorisation de la profession, la formation des futurs enseignants et davantage d’unités psychosociales dans les écoles – on en compte aujourd’hui 225 -. « Je m’interroge sur la qualité de ces recrutements et formations et sur la mise en œuvre de passerelles entre l’école et le médico-social  », souligne Luc Gateau. Autre engagement : la simplification des démarches administratives, la garantie du respect des délais de notification – trois mois maximum - par les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) sur tout le territoire avec une aide aux départements de 25 millions d’euros en 2021 et en 2022. La fin de l’’exil des personnes handicapées en Belgique constitue un autre engagement. Là encore Luc Gateau rappelle que les cinq cents personnes qui partent chaque année ne représentent que la partie visible de l’iceberg et il souligne l’urgence de créer de réelles solutions sur l’ensemble du territoire, notamment pour les personnes les plus lourdement handicapées.
Autre mesure annoncée : la création d’un numéro unique – le 360 – pour rompre l’isolement des personnes en situation de handicap et de leur famille. Il mobilisera les acteurs du territoire, notamment médico-sociaux et permettra l’inconditionnalité de l’accueil. Autre promesse : la création de 2 500 structures de transition entre l’établissement et un logement plus autonome. « Il ne s’agit pas de réelles créations de places », souligne Luc Gateau qui ne se satisfait pas non plus de la promesse faite par le Président de ne pas toucher à l’amendement Creton. Il appelle à régler le problème criant du manque d’accompagnement pour que le terme « sans solution  » disparaisse du paysage français.

Les grands oubliés

La question de la prestation de compensation du handicap (PCH) – non revalorisée depuis 2005 – n’a pratiquement pas été soulevée si ce n’est par l’annonce de son ouverture à des aides à la parentalité. Elle reste fermée au handicap psychique et à l’autisme. La question de l’accessibilité est également passée à la trappe, faisant juste l’objet d’un appel à la mobilisation de tous et d’annonces de mesures pour l’accessibilité au numérique et aux médias.
Enfin, l’État, l’Assemblée des départements, les associations et les organisations du secteur de l’offre d’accompagnement du handicap ont signé une convention d’engagements. Luc Gateau salue la reconnaisse du travail des associations représentatives du secteur du handicap, à la fois militantes et accompagnantes et leur rôle essentiel d’amortisseur social. Et de conclure : « les corps intermédiaires ont été fortement chahutés en première partie du quinquennat, il est important maintenant d’aller vers la co-construction. »

Katia Rouff-Fiorenzi

(1) Loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées