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■ ACTU-Crise du recrutement, une Mas réalise un clip de rap

À Saint-Vital en Savoie, une maison d’accueil spécialisée manque de bras mais pas d’imagination et de talent. Peinant à embaucher, elle fait appel au rappeur Xour pour réaliser un clip afin d’alerter les pouvoirs publics et de séduire les candidat.e.s.

Entre S.O.S et opération séduction, la démarche a le mérite d’être originale. Face à la difficulté de recruter, l’établissement Les Ancolies, une maison d’accueil spécialisée (MAS) vient de mettre en ligne un clip de rap, pour alerter sur sa situation. Avec l’espoir, aussi, d’attirer quelques candidates ou candidats.


L’établissement Les Ancolies cherche le renfort d’une dizaine de professionnels.©MAS Les Ancolies

La pénurie de professionnels qui frappe le secteur médico-social n’épargne pas la structure qui accueille des personnes polyhandicapées sur la commune de Saint-Vital. « Fin 2021, l’établissement n’était pas loin de devoir fermer par manque de personnel, témoigne Christophe Henry, directeur des Ancolies de l’institution du groupe Deltha Savoie. Aujourd’hui, on tient, mais on a besoin d’une dizaine d’aide-soignantes, d’aide médico-psychologiques ou d’accompagnants éducatif et social supplémentaires. » Alors l’idée a germé de cette collaboration avec le rappeur Xour.

Un texte de l’artiste et du psychologue

Si le clip s’intitule sobrement Les Ancolies recrutent, les paroles s’avèrent engagées. Rédigé par l’artiste savoyard et le psychologue de l’établissement, le message est puissant, sur le mal-être du secteur mais aussi son utilité sociale et ses valeurs humaines : « Si quelques milliards ruissellent pour certains, ce n’est jamais hélas pour les métiers du lien / Pour autant sachez qu’ils sont essentiels, au cœur de l’humain, ça c’est bien réel / œuvrant pour le vivant, ils sont utiles c’est sûr, mais bien trop négligés par les primes Ségur. »

Léchée, la réalisation met à l’honneur les résidents et le personnel. « Notre souhait était de montrer le travail auprès des personnes polyhandicapées, qu’il y a de la vie ici, casser les représentations négatives », souligne Christophe Henry. Témoigner en quelque sorte de l’humanité qui vibre entre ces murs et donner envie d’y prendre part.

Ferme mais sans agressivité, le texte est aussi une adresse aux pouvoirs publics. Il rappelle d’ailleurs que, comme l’avait souligné le président Macron lors des premières semaines de l’épidémie de Covid, « notre pays, aujourd’hui, tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal ». Une situation qui n’a guère évolué depuis.

Thomas Sévignon