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■ ACTU - Comité Interministériel du Handicap : fortes attentes et déceptions

Isolement, fatigue, manque de moyens humains et financiers, non-respect de la législation… Depuis le printemps, la crise sanitaire a exacerbé et mis en lumière les difficultés vécues par les personnes en situation de handicap et leurs aidants. Face à ces constats, les associations attendaient des mesures fortes de la part du CIH. Elles sont restées sur leur faim, même si elles saluent certains des engagements annoncés (ou plutôt réitérés).
Ainsi, elles se félicitent de l’aide à la vie partagée pour favoriser le développement de l’habitat inclusif ; de la mise en place d’une prestation de compensation du handicap (PCH) parentalité à partir de janvier 2021 ; de l’extension de la branche autonomie aux personnes handicapées ; de la volonté de renforcer l’accessibilité des campagnes électorales avec l’utilisation du Facile à lire et à comprendre (Falc).
Cependant, pour Luc Gateau, président de l’Unapei « le manque le plus grave reste l’absence de mesures pour les personnes en situation de handicap sans solution d’accompagnement, notamment celles touchées par un handicap complexe - autisme, polyhandicap, maladies rares, etc. – qui continuent souvent à s’exiler en Belgique.  »

Emploi

Concernant l’emploi, Sophie Crapette, en charge de l’action revendicative à l’Association des accidentés de la vie (FNATH), apprécie le prolongement de la prime de 4000 euros jusqu’au 30 juin pour les travailleurs handicapés ; l’augmentation de l’enveloppe octroyée à l’emploi accompagné et sa prescription par le Service public de l’emploi ; le renforcement de l’apprentissage et l’unification de ses règles de calcul. «  Cependant, pointe-elle, il manque la question du maintien dans l’emploi ; les licenciements pour inaptitude – déjà nombreux en temps normal – risquent d’augmenter avec la crise. Les négociations sur le télétravail doivent aboutir sans tarder et les postes de travail à domicile aménagés ». L’Unapei rappelle le manque de places en établissements et services d’aide par le travail (Esat) qui proposent pourtant un bon accompagnement aux personnes handicapées les plus éloignées de l’emploi.

Scolarisation

Concernant l’école, le gouvernement ne déploie pas les solutions nécessaires pour proposer une solution à chaque enfant handicapé. Ainsi nombre d’entre eux attendent une place en institut médico-éducatif (Ime) ou ne bénéficient que partiellement d’un accompagnant des élèves en situation de handicap (AESH). L’association dénonce également le refus de scolarisation lié au port du masque ainsi que celui de l’accueil des services d’éducation spéciale et de soins à domicile (Sessad) au sein de l’école, car venant de l’extérieur. Luc Gateau s’emporte un peu : « l’État annonce trois milliards pour une école inclusive, comme s’il réalisait un effort considérable alors qu’il s’agit d’un droit. »
Les associations appellent aussi à la revalorisation des professionnels du médico-social, comme l’ont été ceux de la santé et des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). « Ils ont pris soin des personnes handicapées durant le premier confinement et continuent aujourd’hui. On nous annonce une nouvelle "mission" sur cette question… alors que certains quittent le secteur médico-social pour celui de la santé », alerte le président de l’Unapei.
Côté accessibilité, le Collectif Handicaps rappelle les manques (bâtiments, transports, logements et numérique). Il souligne aussi que les ressources (Allocation aux adultes handicapés (AAH) et pensions d’invalidité) restent en dessous du seuil de pauvreté
Le Premier ministre a annoncé un prochain CIH dans six mois – il se réunit d’habitude une fois par an -. D’ici là, les associations restent en alerte.

Visionner le CIH :