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🎥 CINÉ ‱ GĂ©nĂ©ration bidonville




O fim do mundo

Un film de Basil Da Cunha.
107 minutes.


Avec Michael Spencer (Spira), Marco Joël Fernandes (Giovanni), Alexandre Da Costa Fonseca (Chandi), Iara Cardoso (Iara), Luisa Martins Dos Santos (Luisa), Carlos Fonseca (Kikas), Manuel Delgado Dos Santos (Careca).
Sortie 6 avril.

AprĂšs huit annĂ©es passĂ©es en maison de correction, Spira rentre chez lui, dans un bidonville en cours de destruction, en pĂ©riphĂ©rie de Lisbonne. Les gangs et la misĂšre y rĂšgnent. Quel avenir pour le jeune homme ?



BaptisĂ©e sur fond de grandes orgues, la toute-petite Beatriz est censĂ©e entrer dans une nouvelle vie. En ira-t-il de mĂȘme pour Spira, enfermĂ© enfant pendant huit ans en maison de correction, revenant aujourd’hui jeune adulte dans son quartier ? Il est attendu de pied ferme par ses potes. Belle gueule, dans son blouson siglĂ© Porsche, son arrivĂ©e est feutrĂ©e, silencieuse. Il dĂ©barque dans une fĂȘte. Effusions graves. Le revenant semble triste, lointain.

Rottweilers et voitures brûlées

Dans sa favela portugaise, — Riboleira, « capitale du stress  » — dans son bidonville, rien ne va. La mairie n’a pas ramassĂ© les poubelles depuis deux mois. Les rapports de force s’installent en permanence et parler, c’est le plus souvent s’insulter. Les potins et commĂ©rages enveniment l’ambiance au quotidien, amplifiĂ©s par les rĂ©seaux sociaux. Les jeunes se disputent impitoyablement les meilleures places pour dealer ; comparent les mĂ©rites des pitbulls et de rottweilers, s’organisent en gangs, multiplient les violences, crament des voitures.



Gentrification du quartier

Le bidonville est appelĂ© Ă  disparaĂźtre et la municipalitĂ© s’y emploie brutalement Ă  grands coups de pelleteuses, de bulldozers et d’excavatrices. L’attachement des jeunes Ă  leur citĂ© est tel que la violence devient politique. L’insĂ©curitĂ© quant Ă  l’avenir rĂšgne, plus aucune famille, plus aucun clan ne peut rester serein. Le jeune Spira est toujours aussi grave : « Spira, on dirait un putain de zombie  » s’interrogent ses copains.



Foot, amours et lendemains

MĂȘme l’amour que porte le jeune homme Ă  Iara, belle mĂ©tisse et mĂšre adolescente qui rĂȘve d’un ailleurs, ne le sauvera pas. Ni Benfica, c’est dire, le club de foot lisboĂšte, qui fait l’objet d’une ferveur sans Ă©gale. C’est d’ailleurs un soir de match qui prĂ©cipitera le drame.
In fine, malgrĂ© la noirceur de cette fresque sociale— jeunesse abĂźmĂ©e, amours impossibles, guerre des gangs et stigmatisation —, cette fin d’un monde ne peut que s’ouvrir vers des lendemains moins moches. L’espoir se lit sur les visages du quartier, intensĂ©ment caressĂ©s par la camĂ©ra.

Joël Plantet