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Regarder autrement la banlieue. Dans son documentaire-fiction J’ai aimé vivre là, Régis Sauder transforme Cergy-Pontoise en ville solaire. Il magnifie cette ville nouvelle de la banlieue parisienne en nous faisant rencontrer ses habitants, en nous livrant leur récit de vie. D’abord, celui d’une habitante particulière : Annie Ernaux dont les livres, notamment Journal du dehors et La vie extérieure, deviennent fils conducteurs du film. Les écrits et le film se croisent, racontent par petites touches le quotidien des gens, leurs liens à cette ville, l’histoire de leur conquête de ce territoire périurbain.

Régis Sauder aime que la littérature irrigue son travail, Annie Ernaux déjà pour son Retour à Forbach, sa ville natale, dans une région martyrisée par la désindustrialisation où il filme la montée du Front national. Mais aussi pour Nous, princesses de Clèves, un documentaire dans lequel une classe de lycée des quartiers Nord de Marseille s’empare du texte de Madame de la Fayette. Pour J’ai aimé vivre là, il s’appuie également sur un groupe de lycéens qu’il nomme « mes alliés de fiction » ; ils lui font rencontrer leur ville, l’accompagnent dans sa déambulation particulière, sensible.

Cergy-Pontoise, cette utopie architecturale symbole de l’extension urbaine perd sa froideur bétonnée sous son regard. Finalement, « l’utopie est dans les gens qui font la ville, lui donnent cette incroyable énergie », pense Régis Sauder. Des gens qui viennent des quatre coins du monde, tissent des liens, construisent petit à petit leur histoire. Offrent une âme au lieu.

Marianne Langlet

J’ai aimé vivre là, Régis Sauder, 89’. Sortie en salles le 29 septembre.