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• TERRAIN - Les violences faites aux femmes au temps de la crise sanitaire

Notre association accueille, accompagne et héberge des femmes victimes de violences et leurs enfants. Pour le 25 novembre « journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes » nous souhaitions partager six mois d’observation sur le recueil de la parole des femmes concernant l’impact de la crise sanitaire.

Nous observons une augmentation des situations de violences au domicile révélée par la hausse des appels au 3919 (Violences Femmes Info), au 119 (Allô enfance en danger) et des SMS au 114 (numéro d’urgence pour personnes sourdes et malentendantes ouvert aux victimes de violences). Si les signalements de violences ont augmenté, le suivi des femmes victimes par notre lieu d’écoute Olympe SAVIF a lui diminué du fait du confinement avec l’auteur des violences.

La question du départ du domicile est une grande étape pour ces femmes en temps normal. Avec le confinement cette étape a été rendue plus incertaine encore : quitter son domicile pour aller où ? Sans travailleurs sociaux pour les accompagner ? Sans certitude que cette situation aura une fin. Le départ pour un bon nombre de femmes est synonyme d’entrée plus ou moins marquée dans la précarité. Le départ est d’autant plus difficile si on prend en compte la question des enfants : non-respect des modalités de garde par les conjoints, décisions de justice en attente et refus de Monsieur de les laisser voir leurs enfants. Pour certaines, cela a engendré un retour au domicile, malgré les violences. Notons que les actions mises en place dans des relais (pharmacies ou centres commerciaux) ont permis à certaines femmes de quitter le domicile.

Pour les femmes hébergées dans nos structures, il y a eu des répercussions sur leurs angoisses qui ressurgissent pendant le confinement et/ou au dé confinement, un sentiment d’isolement et d’enfermement, l’incertitude quant à leur devenir, la stagnation et l’instabilité de leur situation administrative et juridique accentuant leur précarité.

L’accompagnement spécifique concernant la prise en charge des victimes de violences que l’équipe d’Olympe de Gouges propose au quotidien a dû être réorganisé dans un contexte de fortes contraintes avec des budgets publics alloués aux associations insuffisants. Il a demandé un fort investissement des équipes elles aussi malmenées par l’épidémie et le confinement.

Le travail des associations féministes de lutte contre les violences faites aux femmes a consisté depuis des dizaines d’années à rendre visible les violences de la sphère privée et familiale pour en faire un enjeu public. Or la période de confinement procède à l’inverse, les violences sont renvoyées à l’intérieur du domicile et les femmes confinées avec leur agresseur, elles n’ont que très peu de marge pour échapper à leur emprise. Le manque de places dénoncé pendant le Grenelle n’ayant fait qu’aggraver ce phénomène.