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• TERRAIN - Journal de bord - Appel au service social départemental sur fond de crise liée à la pandémie déclenchée par le coronavirus (3)


Par Thérèse Gallot-Tenneroni, assistante sociale de formation, à la retraite après avoir exercé comme Polyvalente de secteur, a été aussi Responsable d’unités territoriales (ex-circonscriptions), Conseillère technique d’un conseil général lors de la décentralisation, Cadre de l’action sociale départementale dans le même département
et enfin Chargée de mettre en place et de piloter un observatoire social

Voici quelques pistes et outils méthodologiques.

Concernant l’ambition de la démarche, elle s’inscrit dans une approche spécifique du « SOCIAL » entendu dans le sens large de « sociétal » qui a, à voir, avec le vivre en société, dans sa relation avec l’économique et le politique sous forme d’une approche spécifique de la « QUESTION SOCIALE ».

Elle sous-entend à terme : une refondation de la politique d’action sociale autour de la personne, une refondation de votre mission et de vos interventions ce qui supposera aussi que vous vous interrogiez sur votre éthique et la finalité première de votre profession, à savoir permettre à toute personne : d’accéder à l’autonomie : autonomie financière d’abord comme condition première à une autonomie réelle de citoyen, de sujet de sa vie… (ce qui nécessite de refonder aussi ce concept d’autonomie) ; d’accéder à la dignité due à toute personne humaine.

Elle a quelque chose à voir avec l’idée d’« états généraux du social » lancée par Jacques Ladsous le 26 août 2002. Etats généraux du social et non du travail social comme l’a mis en place le Ministère des affaires sociales, de la santé et du droit des femmes entre 2013 et 2015. Mais il vous faut aller plus loin dans la démarche des « états généraux » notamment sur la question des constats et des dénonciations. En effet, il ne suffit pas d’énoncer des constats que l’on trouve plus ou moins dans de nombreux rapports. Il ne s’agit pas non plus de faire une étude de besoins, ni un diagnostic territorial.

Concernant la démarche elle-même : il s’agit de quoi ? D’un exercice de pensée qui s’appliquera à la question sociale d’abord. Pour bien en cerner et définir les aspects que vous en percevez à partir de vos observations, de vos évaluations, de vos ressentis, de votre malaise, de votre sentiment d’impuissance (oui, on peut aussi partir de cela, c’est même très important : aller jusqu’au bout de ce que vous ressentez). Puis, pour chaque aspect d’en analyser simultanément les causes immédiates et plus lointain es d’une part ; puis d’autre part d’en analyser les effets, les conséquences. Pour ce faire, la première partie de la méthode de « l’arbre à problèmes, l’arbre à objectifs » me parait ici la plus appropriée (cf. description sur internet). Puis à la politique d’action sociale censée répondre aux problèmes sociaux, de bien repérer l’objectif de chaque mesure, d’en mesurer les aspects positifs et négatifs.

Concernant la mise en œuvre : cette démarche, du bas vers le haut, doit relever de l’initiative des assistants de service social (= assistant socio-éducatif, spécialité AS) des services sociaux départementaux et vous devez en contrôler la mise en œuvre d’un bout à l’autre. Ma connaissance de la situation me porte à penser qu’attendre une démarche d’en haut me semble vaine et qu’elle porte le risque d’une démarche technocratique (le pays abonde de statistiques de toutes sortes en matière sociale et cela ne permet pas de suivre l’évolution du pays sur le plan qualitatif : autant d’outils statistiques que d’organismes, autant d’items différents selon le concepteur…la situation est ubuesque).

Elle alternera réflexion personnelle et travail à plusieurs, si possible à partir de territoires homogènes ou bassins de vie.

Elle exclut un travail avec d’autres partenaires, car la pédagogie sous-tendue par cette méthode est de vous aider à dire, à exploiter ce que vous constatez …. Ce qui n’exclut pas, après coup, bien au contraire le partage

Elle suppose que vous vous posiez la question à un moment où à un autre de l’appel ou non à une aide extérieure ? A mon sens, ce ne peut être que quelqu’un qui vous aide à appliquer la méthode citée plus haut.

La suite :

La première : celle décrite plus haut : définition des caractéristiques de la question sociale, des causes et des effets ; lecture des dispositifs et leur évaluation en termes d’efficacité

La seconde : l’élaboration d’une synthèse.

La troisième : la recherche d’indicateurs qui permettront de suivre l’évolution de la situation sociale telle que vous l’avez cernée dans le temps.

La quatrième : la restitution sous quelle forme ? À qui ? L’identification d’un interlocuteur au niveau infra-départemental et départemental : cadre chargée de l’action sociale (conseiller technique ou administratif) s’il y en a un ; Directeur et à quelles fins ? La reconnaissance de votre démarche, son inclusion dans les démarches de plans et de schémas, le partage avec les autres partenaires

La cinquième : la généralisation de la démarche
A ce stade, il vous fait essayer de convaincre vos responsables départementaux de la pertinence de votre démarche pour que ceux-ci la portent dans les instances telles que :
L’association rassemblant les cadres d’action sociale des départements qui sont soit des administratifs soit des techniciens : l’ANCASD qui a son siège à l’ODAS
L’association rassemblant les directeurs départementaux de l’action sociale et de santé (ANDASS)
L’association représentante des élus : l’Association des Départements de France (l’ADF) et plus spécialement le président de la commission « solidarité et affaires sociales ».
Et il y a aussi l’ODAS, association indépendante qui se veut un lieu de réflexion sur l’action sociale. Elle compte, parmi ses adhérents les grandes associations nationales d’élus, les principales fédérations associatives, les organismes de protection sociale, mais aussi la plupart des départements et des grandes villes. »
Le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE).
Voir le Médiateur de la République.
Et vous faire appuyer :
Par l’ANAS
Par les centres de formation, les chercheurs, AFFUTS, etc.…
Par le Haut Conseil du Travail Social (HCTS)

Pour conclure je voudrais vous dire que cet appel est le fruit de toute une longue expérience professionnelle, et aussi de toute une recherche, encore en cours, autour de la place de votre service social dans l’institution et dans le système politique au cours des 60 dernières années. Votre rôle dans l’observation de la situation sociale et l’évaluation des politiques publiques en étant un des aspects mais pas le seul.
C’est un appel grave comme le veut la situation actuelle.
A vous de jouer maintenant : les cartes sont dans vos mains

Bon courage et bonne chance