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• TERRAIN - Grève au Conseil départemental de la Mayenne

Ils ont choisi de s’engager dans les professions du travail social. Ils s’investissent et réaffirment leur profond attachement à leur métier qu’ils l’aiment. Mais, là, trop c’est trop ! Les personnels du Conseil départementale de la Mayenne ont décidé de se mettre en grève, le 11 décembre. Que veulent-ils ? Une prime ? Une augmentation de salaire ? De nouveaux avantages ? Rien de tout cela. Ils demandent uniquement d’avoir les moyens d’accompagner dans de bonnes conditions les plus fragiles. Combien des 96 services sociaux départementaux de notre pays pourraient venir contredire les extraits des quelques témoignages que nous mettons en ligne aujourd’hui ?

« J’aime mon métier et mes missions premières de référent éducatif mais je suis épuisé par les conditions de travail qui ne me permettent pas de l’exercer sereinement. »

« Je me réveille la nuit, plusieurs fois par semaine et je refais la liste, cette liste jamais achevée des multiples tâches à effectuer, les rendez-vous à prendre, les mails à répondre, les rapports en retard...  »

« J’aime ce que je fais, j’apprécie travailler auprès des familles, avec mes collègues, mes partenaires… mais je suis aujourd’hui fatiguée et inquiète quant au devenir de ma profession et par ricochet l’avenir des familles accompagnées. »

« Souvent la culpabilité me prend, m’enserre et je m’en veux d’avoir promis à cette jeune fille, à cette famille, à cet enfant que nous allions ensemble avancer dans son projet. Nous n’avons plus le temps de mettre en place les objectifs fixés.  »

«  Je pense, comme d’autres, à changer de profession, à trouver un poste moins stressant, avec moins de pression, qui me permettra de rentrer l’esprit léger chez moi… Et puis je pense aux enfants, aux familles, aux assistants familiaux et je me dis que je n’ai pas envie de leur infliger un nouveau changement, une rupture dans un parcours déjà chaotique…  »

«  Je regrette de ne plus pouvoir être aussi disponible psychiquement pour exercer mon métier, assommée par toutes ces considérations matérielles et budgétaires et de constater que la portée de mes interventions n’est pas à la hauteur des objectifs visés, altérées par un manque de temps, un manque de continuité et face aux limites posées par d’autres structures. »

« Je suis à bout de faire des tâches administratives (la base même du travailleur social c’est la relation à l’autre), A bout de se réveiller la nuit en pensant à tout ce qui n’a pas été fait, A bout d’avoir la boule au ventre en arrivant au travail, d’avoir les larmes aux yeux pour un petit incident dans la journée mais qui semble insurmontable à ce moment-là… »

« Nos actions sont limitées, frustrantes, épisodiques et discontinues le plus souvent. Je me demande parfois, à quoi sert cette énergie déployée, ces bilans effectués dans l’urgence, ces sms répondus tard dans la soirée pour calmer et apaiser les angoisses des gens. »

« Je vois chaque jour ma motivation diminuer. Les lourdeurs administratives, les réorganisations incessantes ne nous laissent plus le temps de faire notre travail correctement.  »

«  Je suis constamment sans cesse dans de nouvelles procédures/protocoles qui affectent la qualité de mon travail et m’éloigne du sens même du service public et de ses mission premières et essentielles  »

« Je présente tous les signes d’un « Burn Out ». Je me sens complétement débordée, inefficace. J’ai des insomnies, une perte de poids, de la fatigue, en réunion je suis souvent en colère, la boule au ventre sur le trajet domicile-travail, des palpitations, je pleure souvent…etc. »

«  Je suis frustrée, en colère, fatiguée par les réorganisations successives, les postes en polyvalence de secteur redéployés alors que le nombre de bénéficiaire du RSA explose, que des travailleurs précaires affluent, les personnes les plus fragiles décompensent.  »


Il est possible de consulter les trente-et-un témoignages complets à l’adresse : https://www.cfdtinterco53.com/