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Un documentaire écrit et réalisé par Joël Akafou.

77 minutes.

En partenariat avec Médecins du monde.

Un dossier pédagogique peut être téléchargé par les enseignants et éducateurs : en cliquant ici

Sortie 5 janvier 2022

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Illusions perdues

Il est ivoirien, a survécu à la traversée méditerranéenne, vit en Italie, rêve de France. Il est résolu à affronter la faim et la soif, la neige, la police.

Réfugié ivoirien en Italie, le mal nommé Bourgeois doit — et veut — quitter son « campo » turinois, où il végète. Diamants aux oreilles, tatoué, dreadlocks en désordre et smartphone en surchauffe, le jeune homme se sent fatigué, on le serait à moins, venant de Libye. Homme de relations, il vit avec Michelle et son bébé, mais ne rêve que de Paris, où l’attend en principe Aminata, mais aussi Brigitte. Ses conversations avec sa famille restée au pays sont faites de pieux mensonges, sur l’argent et le bien-être supposés accompagner son aventure. De fait, les désillusions, les mauvaises rencontres, l’incertitude, la brutalité géopolitique façonnent son destin.

Les réseaux

Bien sûr il y a ceux des passeurs, 300 €, ici, juste pour franchir la frontière. En attendant interminablement l’avis improbable d’une Commission, les jeunes, plus ou moins déprimés, surfent sur Facebook, Instagram, Skype, s’envoient mille sms et messages vocaux… Le jeune homme reste en lien constant avec le pays. « Tu pries ? », s’assure sa mère ; évoquant les envois d’argent espérés tout en s’assurant que son fils garde la mémoire du pays, elle le fait pleurer. « Si tu es encore en vie, c’est que Dieu a un projet pour toi  », se résigne-t-elle.

Complexité sentimentale

« Tu ne peux pas prendre plusieurs femmes comme bouclier » reproche amèrement Michelle à Bourgeois, en effet incapable d’officialiser une relation. Jonglant avec ses deux téléphones, le jeune réfugié ménage plusieurs portes de sortie sentimentales. Ne supportant pas d’être ainsi traitée, la jeune femme expédiera des messages expressifs à Brigitte, faisant foirer la prochaine combinaison sentimentale du garçon ; de fait, il arrivera seul Gare du Nord pour finalement faire piteusement appel à un de ses oncles lointains, aucun de ses plans d’hébergement n’étant viable.

Récit partagé

«  Je préfère mourir sur la mer que devant ma mère » avait déclaré le jeune homme au réalisateur — ils se connaissent depuis le précédent film de celui-ci, Vivre riche — qui, en 2016, avait reçu un message de Bourgeois lui demandant de l’aider à payer la caution pour le libérer d’une geôle libyenne. Le cinéaste lui avait vainement conseillé de rentrer au pays. Du coup, il le suivra dans son aventure italienne et française, et sa traversée clandestine des Alpes : « je veux voir jusqu’où ce fils est prêt à aller pour faire "honneur" à sa famille ». Et de filmer leurs épreuves, la neige, la police, la faim et la soif, pour un avenir autre. «  Si Dieu le veut  »…

Joël Plantet

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